Ze Craignos monsters : Le retour du fils de la vengeance...


La santé défaillante de votre serviteur (A force d'être jeune et fringant, on finit par l'être tout simplement moins) a mis quelques sévères coups de canifs aux promesses éditoriales de l'Ecranbis.com. Après quelques semaines de service minimum, encouragé par les missives inquiètes de quelques attachés de presse (Dis donc, machin, t'as rien publié sur les DVD que je t'ai envoyés, tu me prends pour une buse ?) et mails de soutien d'un lectorat compréhensif (Vous n'avez rien publié cette semaine, vous êtes en vacances ou quoi ? ), on revient aux affaires avec quelques chroniques fumantes... A table !

"De ses années Stencil, le brave Jean-Pierre a conservé un ton délicieusement non académique, hésitant sans cesse entre l'amour de belles images et celui du bon mot. Une verve singulière que l'auteur portera en étendard jusque dans ses derniers flirts avec la presse..." 

Sous le pavé, la table...
Figure emblématique et sans doute générationnelle d'une cinéphilie née dans le cinéma de quartier, Jean-Pierre Putters explore les ruelles les moins éclairées du septième art d'une plume singulière et taquine depuis l'été 1972. Son Mad Movies, né fanzine et promu magazine une décennie plus loin, constituera avec L'Ecran Fantastique d'Alain Schlockoff les deux phares analytiques d'une culture alors en construction. Une cour de récré, deux écoles, oserais-je écrire... De ses années Stencil, le brave Jean-Pierre a conservé un ton délicieusement non académique, hésitant sans cesse entre l'amour de belles images et celui du bon mot. Une verve singulière que l'auteur portera en étendard jusque dans ses derniers flirts avec la presse mais aussi à travers une poignée d'ouvrages dont ceux dédié aux «Craignos Monsters» (publiés respectivement en 1991,1995 puis 1998) constituent une sorte de Graal. Trois volumes épuisés et revendus sous le manteau (signe que l'hiver est rude !) par une poignée de cinéphiles approchant dangereusement la banqueroute. Néolibéralisme...Quand tu nous tiens, tu nous serres un peu trop fort.

Le Dr Jabuse ouvre les dossiers médicaux de quelques patients fameux...
"L’effort échappe, il faut bien le dire à l’étiquetage de première intention. Le communiqué de presse prévient d'ailleurs : «anthologie» , «remise à jour», «portofolios meurtriers», «hommage à Jesus... Franco».... On ne sait pas trop ce qu'on a édité mais on a réussi à le faire, croit-on lire dans les entre-lignes."

Après Mad, Ma vie édité il y a deux ans chez Rouge Profond (un émulsion du PCF et du Parti de gauche ?), Jean-Pierre Putters nous reviens chez les éditions Vents d'ouest avec un nouvel ouvrage dont l'accroche «Le retour du fils de la vengeance» moque avec une irrévérence contenue l'épuisant et ingrat labeur du titriste... Ce génie anonyme apte à embraser l'imagination d'une simple combinaison de mots, rappelant qu'au royaume du vendeur de bobines, un trait d'esprit vaut parfois tous les coups de crayons. L’effort échappe, il faut bien le dire, à l’étiquetage de première intention. Le communiqué de presse prévient d'ailleurs : «anthologie» , «remise à jour», «portofolios meurtriers», «hommage à Jesus... Franco».... On ne sait pas trop ce qu'on a édité mais on a réussi à le faire, croit-on lire dans les entre-lignes. Et ça tombe bien, lassé par une flopée d'ouvrages à l'ambition encyclopédique, à l’exhaustivité forcenée et comble du désespoir rangés comme des chambres d'étudiantes, on ne crachera pas sur un voyage désorganisé dans un univers lui même sans dessus dessous.

Quand l'insecte prend la belle, la belle prend la mouche...

"... le sieur Putter, en digne représentant du sexe fort n’oublie de designer la plus terrifiante et intimidante des visions offertes à nos masculinités assaillies: la femme canon..."

 Toute ambition cartographique écartée par l'auteur, on comprend rapidement que l'idée est ici d'observer le fait cinématographique et fantastique à travers le prisme au combien déformante de la créature. Au sens large. Après tout,  qu'est-ce l' angoissante société future dépeinte par 1984 ou l'âge de cristal si ce n'est une forme tout à fait monstrueuse de construction sociale. En avant la parade ! Bêtes de tous poils, monstres de cinéma, hommes de fer, suceurs prodiges, insectes frappés de gigantisme, héros invisibles défilent sur 240 pages, sans que le sieur Putters, en digne représentant du sexe fort n’oublie de designer la plus terrifiante et intimidante des visions offertes à nos masculinités assaillies: la femme canon, la sirène sans queue, de la fragile victime à la bimbo tronçonnante... Comme pour marteler l'évidence: Qu'on la prenne côté poil ou côté fesse, c'est, de fait, toujours la femme qui vous prend (ou qui vous lâche).

Un volume qui ne fait pas l'impasse sur le Kong'sternant !

La forme fanzino-anarchique de ce tout indescriptible appelle fatalement au picorage. Ze Craignos Monsters, quatrième du nom est un livre que l'on pose pour mieux reprendre, que l'on parcourt au fil de ses inspirations. Ce jeu de l'oie littéraire et cinéphilique, décoré de belles affiches et illustrations, lacéré des prescriptions d'un certain Dr Jabuse et préfacé par la plume infernale de Dante devrait donc procurer quelques heures de plaisir solitaire (quoiqu'il ne soit pas interdit de s'y mettre à plusieurs, par goût pour le collectivisme ou en souvenir ému de vacances au Cap d'Agde ). A tous les pères fouettards et toutes les mères Noël de la création, aux philanthropes de toutes confessions (même les plus inavouables... Le comble), aux amantes éconduites mais résolues à ne pas lâcher le morceau, si un bisseux est en ces périodes d'offrandes dans votre collimateur, ne vous trompez pas de cartouche. Ce «Ze Craignos monsters, le retour du fils de la vengeance» mettra dans le mille.


Notez que Ze Craignos monsters, le retour du fils de la vengeance est disponible aux éditions Vents d'Ouest dans toutes les bonnes librairies mais également dans les moins bonnes au prix de 35€ et 50 centimes. Un version kindle est également en vente sur Amazon au prix de 18€99. Plus d'information à l'adresse: www.ventsdouest.com