En mars prochain, la collection «Chefs-d’œuvre du Gothique» d'Artus films se verra enrichie d'une nouvelle pépite. Pour cause de saut de l'ange dans le domaine public ricain «Le manoir de la terreur» était déjà disponible dans de multiples éditions US (Synergie, Alpha Vidéo, Retromedia ), mais cette petite bande horrifique du début des années 60 se refusait encore aux platines de l'hexagone. Comme à son habitude, l'éditeur français distribuera à tarif préférentiel le disque sur son site internet, un mois avant la sortie officielle. Ecranbis.com, hypnotisé par un attaché de presse particulièrement efficace (Vous dormez, vous dormez profondément, quand je taperai dans les mains vous écrirez une chronique et elle sera bonne), s'est fendu d'un visionnage...
Mariée de force, elle attend religieusement la première étreinte |
La terreur de Bram Stocker, le monstre de Mary Shelley, le suspens d'Alfred Hitchcock, les crimes d'Edgard Wallace, le frisson de Robert Louis Stevenson et l'horreur de l'horreur. Il ne manque guère que le scooter de François Hollande et la bite à Dudule pour faire compléter l'argumentaire du film annonce. Pourtant rien de très mensonger ici, ce «Martin Herbert» (Alberto Di Martino) réalisé entre deux péplums donne de fait beaucoup à voir. A commencer par l'arrivée d'une calèche sous une pluie battante. A son Bord, la belle Emily Blackford, nymphette de retour au nid, un amant au cou (John) et une amie (Alyce) sous les bras. Les portes du manoir franchies, les retrouvailles avec son frère Rodrigue auront un goût amer. Le récent décès du patriarche dans un incendie, le changement soudain du personnel de maison, les déambulations de Miss Eleonor (Helga Line), brunette froide comme une glace italienne , la présence d'un mystérieux carabin aux yeux de gobie... Non décidément rien ne tourne rond dans cet aquarium de pierre.
"Sortie de l'imagination des frères Corbucci et présenté par coquinerie comme une adaptation de Poe, le récit du «Manoir de la terreur» dévoile une plomberie tortueuse. Les robinets du fantastique ouverts, la baignoire de sang promise, on ne sait pas de quel tuyau sortira l'assassin."
Une main sur la bouche même en à cas de cri d’effroi, toute l'éducation des années 60 en un seul plan ! |
Pour la belle Alyce émoustillée par la fine moustache de Rodrigue et reniflant peut être un héritage providentiel (Banco !), le séjour s'annonce plus doux. L’ingénue est ingénieuse. Et on pourra tourner les choses comme on veut, il faut reconnaître à la femme un étonnant sens pratique. Dire qu'elle fut chantée comme l'avenir de l'homme par un Jean Ferrat , certainement aveuglé par sa moustache (En Ardèche le Mistral, ça souffle) et trompé par un poète qui à la mort d'Elsa (pas la chanteuse) devait passer d'un revers de veste de la voile à la vapeur. Mais je m'égare complètement. Je disais donc qu'Alyce, tentant d'évaluer de nuit le capital immobilier de son futur cavalier, découvre que le manoir cache le plus terrible des secrets. Stupeur ! Oui Stupeur ! Le géniteur d'Emily n'aurait pas succombé à ses brûlures, mais survivrait dans une aile du château. Pire ce dernier, transformé en homme merguez et rongé par la folie projetterait d'assassiner le fruit de ses entrailles afin d'empêcher la réalisation d'une funeste prophétie familiale.
"... cette bande, bien que très classique dans la facture, se paye un photographie noir et blanc ravissante et une Helga Liné magnétique. "
C'est sur les vieilles pierres que l'on prend les meilleurs coups... |
Sortie de l'imagination des frères
Corbucci et présenté par coquinerie comme une adaptation de Poe, le récit du «Manoir de la terreur» dévoile une plomberie tortueuse.
Les robinets du fantastique ouverts, la baignoire de sang promise, on
ne sait pas de quel tuyau sortira l'assassin. Et alors que nos
trois couples et un majordome (Il en faut bien un pour tenir la chandelle)
arpentent les décors, le spectateur fait lui aussi les cents pas,
cherchant à percer le brouillard d'un script décidément retors.
C'est «Le toubib ! J'en suis sûr, mais en fait non, ce doit
être Rodrigue, ou alors Eleonor. «Horror» (Son titre à
priori original) prend donc des airs de Cluedo gothique pour mieux enfumer sa diabolique et implacable machination. Machination toute
entière contenue si ce n'est résumée dans une séquence onirique et
brumeuse dont vous nous donnerez des nouvelles.
"ce manoir à ne pas confondre à «le manoir de la terreur» de Bianchi... se doit de figurer en bonne place sur vos étagères."
"ce manoir à ne pas confondre à «le manoir de la terreur» de Bianchi... se doit de figurer en bonne place sur vos étagères."
En 1963, il était vraisemblablement permis de fumer sur les plateaux... |
Alberto Di Martino, moins connu que Castellari et autres méticuleux artisans de la grande botte, exécute la figure avec subtilité. Sa bande, bien que très classique dans la facture, se paye une photographie noir et blanc ravissante et une Helga Liné magnétique. Pourtant cantonnée dans un rôle d'accessoire, elle parvient «à la Sarkozy» à rejoindre le premier rang, éteignant les jeux incandescents de jeunes et frêles demoiselles de façon autoritaire. Elle retrouvera d'ailleurs deux ans plus tard son tablier de gouvernante venimeuse dans «Les amants d'outre tombe » (1965) où elle interprète une «Solange» à qui on ne la fait pas. Attention, braves cinéphiles, ce manoir à ne pas confondre à «le manoir de la terreur» de Bianchi, film avec lequel il partage un titre mais également un visa d'exploitation (l' amusante explication se trouve dans les bonus … Mais chut , on ne nous en dit pas plus), se doit de figurer en bonne place sur vos étagères.
Dans l'art de piquer la Merguez... |
Un œil sur le disque :
Artus films qui vient de rentrer en bonne place dans le classement technique des éditeurs des Années Laser reste fidèle à sa réputation. «Le manoir de la terreur» nous parvient dans une fort saillante copie au ratio image 1.66 (master 16/9). Sans doute la meilleure édition disponible au monde, et la seule a embarquer une piste française en plus d'un mixage italien d'origine. (Sous titré). Dans la crypte aux bonus, des bandes annonces de la collection, un diaporama et l'indispensable présentation du film par Alain Petit, qui nous apprend entre autre que «Le manoir de la terreur » fut en partie tourné dans le château de l'horrible Dr Orlof...C'est du tout bon ! Faites vos dons par ici : http://www.artusfilms.com/le-manoir-de-la-terreur
Un menu pensif... |
Pour une sérigraphie suffocante ! |