Depuis 2009 et un «The Hole» à l'arrière goût très eighties, nous étions sans nouvelles ou presque de l'enfant terrible d'Hollywood. Le père Dante, trublion sorti tout droit des écuries Corman, l'homme de Piranha, Hurlements, Gremlins, Explorer, L’aventure Intérieure, Les Banlieusards... était-il resté au fond de son trou ? Nos cousins d’Amérique ont la réponse depuis juin 2015, mais de longs mois sont passés avant qu'un éditeur français s'autorise à la colporter la nouvelle ce côté ci de l'atlantique. Burying the ex, c'est grand retour de Joe Dante avec un petit film...Et Ecranbis.com vous explique pourquoi .
Originellement tourné comme un court métrage par son propre auteur (Alan Trezza) le scénar' mortel de «Burying the ex» aurait atterri dans les mimimes délicates de Joe Dante il y a plusieurs années déjà. Humour noir et amour d'outre tombe, le concept séduit d'autant plus le maestro que le développement promet un tournage économique et rapide. Mais même signés par la main de Dante, les contes gentiment nécrophiles, sont un placement du genre risqué. (La nécro c'est mort disait-on alors dans les milieux autorisés ) Et il faudra même attendre une énième résurrection du cinéma zombie, les succès de «The Walking Dead» et «World War Z» pour que quelques financiers acceptent de mettre la main à la poche et autorisent dans un élan de générosité ...relatif... un mois de tournage entre novembre et décembre 2013.
Côté spectateur et en particulier lorsque ces spectateurs ont l’age d’avoir suivi Dante dans son périple cinématographique, de école Cormanienne (cette Star Academy qui ne disait pas son nom) aux filets des majors, l’inquiétude est de mise. On connaissait le petit Joe pour ses tours de cartes montantes, ce génie de respecter le cahier des charges de l’Entertainment Hollywoodien, tout en réalisant “entre les lignes” un autre film , infiniment plus personnel et assumement plus cynique… Pour aboutir à des oeuvres pratiquement doubles, dont Gremlins et Explorer sont en 1984 et 1985 les plus parfaits et prototypaires exemples. Mais l’homme parviendrait-il à s’affranchir de contrainte plus économiques ? A quoi allait ressembler le retour Dante aux pays des blés fauchés ?
Alors il faut le dire, l'écrire, le marteler, Dante revient avec un film tourné en catimini, avec peau de zob mais dont la brillance est de systématiquement transcender sa nature de micro budget. Et de le faire par un seul et unique subterfuge, à savoir l’intelligence de son propos ou pour être plus exacte l'intelligence de sa formulation. Cette intelligence indissociable au cinéma de Joe Dante. Car il ne faut pas s'y trompez à travers l'imparfait amour que filent Max et Evelyn, il est bien ici question de moquer les petites conséquences de nos grandes cavalcades sentimentales, les ex collants et collantes, ou à l'inverse ceux et celle que l'on ne parvient à faire passer par les portes l'oubli. Dieu qu'il est difficile d'offrir à l'être aimé l’indifférence que l'on distribue aux autres par poignées. Bien plus que son ironie surfacique et situationnelle, c'est bel et bien ce cynisme qui traverse le film de Joe Dante.
A travers “Burying the Ex” c’est donc le Dante de “The Burbs”, “Matinee” que l’on retrouve aux prix de quelques compromis. Une photo tantôt bandante (la scéne du cimentière… ) tantôt frappée d’une Digital touch déconcertante, les stigmates d’une production value aussi serrée que le budget d’un bénéficiaire du RSA. Alors bien sûr, les plumes acerées criront à l’oeuvre mineure... Est-elle anecdotique pour autant ? On pourrait se poser la même question du “The Visit” de M. Night Shyamalan, autre come back sans le sous… Une chose est sûre, même débarassé de toute considération annexe ( la place de Burying the Ex dans la filmographie de son géniteur, comme la place de Joe Dante dans nos coeurs ), ilreste une comédie horrifique à la déviance savoureuse, qui s’enfile comme un bonbon acide.
Un oeil sur le disque :
Factoris films assure le minimum technique, comprendre que l’édition DVD française ne propose pas l’ombre d’un supplément, excepté une salve de bandes annonces au lancement du disque. Reste que le master, présentant le film dans son forme scope d’origine est impeccable et qu’il s’accompagne de mixage en langue anglaise sous titré et en français. Une fois de plus on ne pourra que fortement vous recommander de vous tourner la version originale pour savourer le fendard des dialogues.