Artus : les 3 sorties de janvier 2016



L'île des péchés oubliés...

Ah mince, les p'tits gars d'Artus Films caresseraient-ils l'odieux dessin de me faire chanter, en commercialisant des images de votre serviteur au festival de Cannes.... On m'avait pourtant dit que ce qui se passait au Martinez restait au Martinez. Fausse alerte ! Derrière le titre français «L’Île des péchés oubliés» se cache (enfin façon de parler) Isle of Forgotten Sins , production américaine datant de 1943, toute droit sortie des tiroirs de la Producers Releasing Corporation (PRC). Voilà donc l'enfant péliculaire d'un Hollywood joyeux mais désargenté.... Poverty Row oblige, cette aventurette aurait été torché en 6 jours du côté du Corriganville Movie Ranch... Haut lieu californien de la westernerie télévisuelle (The adventures of Rintintin, The Lone Ranger) et sans le sous. 

"... cette perle très oubliée porte la griffe d' Ulmer Edgar G.connu pour s'acoquiner des budgets les plus rachitiques sans sarcrifier la poésie qui fait du cinéma un art... "


Au menu, une vague, très vague histoire de chasse au trésor embarquant deux marins aventuriers et, c'est bien toute l'originalité de l’œuvre, une armada de turbineuses accompagnées de leur mère maquerelle. Pas franchement bandant (en dépit de sa grappe de jolies filles) , mais enjoué dans son développement, «L’Île des péchés oubliés» s’oublie en effet assez vite. La péloche a le mérite de se payer le premier d'une longue ligné de Stakanovistes, John Carradine et une Gale Sondergaard (The Mark of Zorro) pas encore sur l'Hollywood blacklist d'un MPAA soucieuse de tuer le Parti communiste américain dans l’œuf. Notez enfin que cette perle très oubliée porte la griffe d' Ulmer Edgar G. (The Man from Planet X, Daughter of Dr. Jekyll, The Amazing Transparent Man )connu pour s'acoquiner des budgets les plus rachitiques sans sacrifier la poésie qui fait du cinéma un art...



Le pénitencier du Colorado

Inspiré d'une histoire vraie, à savoir l'évasion et la tentative de fuite d'une poignée de prisonniers au cœur de l'hiver 1947, «Le pénitencier du Colorado» a le mérite de poser sa caméra sur les lieux du crime. Shooté quasi exclusivement à Canon City, dans la prison d'état du Colorado, quelques semaines seulement après le fait divers, cette bobine signée par la main de Crane (un prénom qui en jette) Wilbur s'accroche au destin larmoyant du prisonnier Jim Sherbondy (Scott Brady), mis sous les barreaux après un meurtre que l'homme attribuera volontiers à la fatalité (C'est pas moi c'est ma main !) et que l'éducateur trotskyste s'empressera d'excuser (C'est des jeunes, ils s'amusent !). En dépit des avertissements de sa sœur, avertie par le directeur de la prison le tenant lui même de son petit doigt (Chinese Whispers quand tu nous tiens), l'exemplaire détenu Sherbondy se laisse entraîner dans une tentative d 'évasion, au risque de transformer ses 10 années de peine restantes en une éternité.

"Noir par la forme, moraliste par le fond, ce Pénitencier du Colorado se laisse en tous cas traverser avec intérêt à condition de se donner et c'est un bien le comble...la peine."

Les cons ! S'évader un 30 décembre pour se retrouver culs nus ou presque dans la neige... Oui le Colorado en hiver, ça pèle sec ! Dieu merci, cette escapade permettra au beau Jim de jouer les criminels au grand cœur, sauvant la virginité d'une niaise prise en otage et la vie d'un enfant souffrant d'une crise d'appendicite foudroyante pour finir par rejoindre la case départ qui se trouve être en même temps la case prison. De son côté Crane Wilber en profite pour envoyer le bon message...Ce qu'il y a de bien avec l'espoir, c'est que ça ne coûte pas cher... D'ailleurs la chose aurait été emballé sous la forme de d'un semi documentaire par le roi du genre «j'ai le barreau» (mais c'est pas ce que vous croyez... ) pour la modique somme de 400 000$ et se permettrait le luxe de laisser DeForest Kelley (Futur Dr Mc Coy dans Star trek ) imprimer l'écran... en qualité de figurant. Noir par la forme, moraliste par le fond, ce Penitencier du Colorado se laisse en tous cas traverser avec intérêt à condition de se donner et c'est un bien le comble...la peine.



Le pirate de Capri

Avec “Le pirate de Capri”,le spectateur retombe tout cru dans les bras de Ulmer Edgar G. Un Zorro chez les pirates s'avance la jaquette. Et il y a en effet un peu de ça dans les aventures à la fois carnavalesque et révolutionnaires du capitaine Sirocco. Coproduction Italo-américaine oblige, le nom d'un second réalisateur est avancé, celui de l'italien Giuseppe Maria Scotese . Mais le générique américain l'aurait cruellement oublié. La production tire elle bénéfice  d'un tournage sous les projecteurs de la Cinecitta et de moyens à la hauteur de cette fresque Napolitaine, offrant à nos regards amusés, une royauté vassillante sous les vents de l’insurrection populaire... 

"Un Zorro chez les pirates s'avance la jaquette. Et il y a en effet un peu de ça dans les aventures à la fois carnavalesque et revolutionnaires du capitaine Sirocco."

 
Bizarrement le Pirate de Capri en nous parlant de l'Italie de la fin du 17e siècle, nous parle aussi un peu de la France de 2016. Encore reste-t-il à identifier notre Capitaine Sirocco. Et c'est là que ça se corse... Dirait-on du côté de l'île de beauté. Vieillot mais charmant mais quand même un peu vieillot, ce pirate amuse autant qu'il distrait.