État du Minnesota, à l'aube des années 90, l’inspecteur Bruce Kenner se retrouve en charge d'un dossier peu commun. Anglea Gray, une jeune fille de 17 ans accuse son père de l'avoir violé. Aidé par le le docteur Kenneth Raines, Kenner ne tarde pas à découvrir qu'il ne s’agit pas d'une simple affaire d'inceste et de mœurs. Les habitants de la petit ville semblent s'adonner, le soir venu, à des cérémonies occultes... Qu'on se le dise le nouveau Amenábar, «Regression» trouvera le chemin de nos platines Bluray et DVD le 2 mars prochain. Ecranbis.com a pu jeter un coup d'oeil à une galette de passage.
"Bien parti pour nous repasser le plat d'un satanisme ordinaire et middle class, Alejandro Amenábar a le mérite ici de tirer à côté."
Bien parti pour nous repasser le plat
d'un satanisme ordinaire et «middle class» , Alejandro Amenábar a
le mérite ici de tirer à côté. Les années 90, un patelin perdu
dans la grisaille, un flic au bout du rouleau et la face évangéliste
du rêve américain en toile de fond. La caricature remplit l'écran,
tout comme le fantasme très citadin d'une autre Amérique, forcement
rurale, évidemment traditionaliste, assurément consanguine,
incestueuse et pourquoi pas luciférienne, tant qu'on y est. Mais le
cinéaste espagnol surfe avec son «Régression» une
autre vague, beaucoup plus actuelle, sans doute plus tendance, celle
de la déconstruction nécessaire (au sens philosophique du terme)
d'une religion sans dieu. Psychanalyse, régression sous hypnose et
autres mythes sorties du chapeau de la modernité comme «pour
combler un vide» dit-on. Charlatanisme
devenue science, autorité mais aussi économie (car il faut bien
vivre), se refusant à la critique en brandissant le spectre de l' excommunication
sociale ou y répondant, en dernier recours, par le diagnostique et
la sentence. Façon Benny B. Mais vous êtes fou... ?
"Regression dresse pratiquement l'état des lieux du cinéma fantastique espagnol moderne"
"Regression dresse pratiquement l'état des lieux du cinéma fantastique espagnol moderne"
«Oh oui»
semble répondre Amenábar pointant du doigt les questions de
l'autosuggestion et de l’hystérie collective au risque d'écorcher
pour de bon la dimension fantastique et spirituelle de son
récit. En témoigne sans doute le convenu (capuches noires et
sacrifice de nouveaux nés) des messes noires présumée, la mollesse
de l'affrontement d'un pasteur rigoriste et d'un professeur en
psychologie, deux bergers se disputant à coup de certitudes, le même
troupeau. Reste que le propos s'il manque un peu de subtilité et
peut être aussi d'élan, a le mérite
d'installer un climat..Formellement impeccable, voire virtuose par
instant (Certains planssont d'une beauté à s'en décrocher les
yeux), «Regression» dresse pratiquement l'état des lieux du
cinéma fantastique espagnol moderne, arche-bouté sur son
esthétisme, cherchant jusque de l'autre côté de l'atlantique sa
raison d'être, quelque chose à dire, à raconter ...Mais ne
parvenant jamais à se défaire de son goût pour les roulements de
tambour et les Tadaaaaaaaaa ! , les tours de manche et le twist
téléphoné. Ici encore, la montagne accouche d'une souris .
" Ce Régression est un bon film mais pas forcement celui que l'on attendait."
" Ce Régression est un bon film mais pas forcement celui que l'on attendait."
Même si la souris en question (Emma Watson, en l’occurrence) a tout pour plaire.Il en faudra un peu plus pour que «Régression» quitte les rails de la série B et du thriller psy de consommation courante. On en ressort en indéniablement séduit mais pas complétement emballé. Au point que l'on finit par se demander si l’œuvre n'est pas desservi par son propre auteur. N'attendons-nous pas désormais trop d' Alejandro Amenábar ? A en lire les critiques mi figue mi raison de l'automne dernier... la réponse s'impose pratiquement d'elle même. Ce "Régression"est un bon film mais pas forcement celui que l'on attendait.
Un œil sur le disque :
Un bluray exempt de défauts technique présentant le film dans son scope d'origine et dans un master haute définition magnifique. Pour le plaisir des oreilles, un doublage français et une piste en langue anglaise ainsi que des sous titres français. Rayon supplément, teaser, bande annonce et featurettes. Une proposition classique donc à laquelle l'éditeur ajoute deux interviews exclusifs à l'édition française (Emma Watson et Alejandro Amenábar) . Un regret cependant l'absence de sous titres anglais.