Sous le soleil brûlant d’avril, la ration vidéastique de l’ours prend quelques saveurs insoupçonnées… Un western présumé féminise et un autre trempé dans le psychédélisme des seventies. De quoi repenser le genre en qualité de miroir sociétal ou de courant éponge capable de s'acoquiner à toute mode ou tendance, de surfer toutes les vagues...Cynisme et opportunisme en bandoulière. Au diable les scrupules, puisqu’ici tout est faux. Ces paysages andalous se faisant passer pour l’Amérique sauvage, ces cinéastes et acteurs se rêvant des noms américains… Un peu plus un peu moins du se dire Cesare Canevari en lâchant quatre hippies dans un décors de ville fantôme… La galette trouée de ”Matalo” devrait être à porté de vos calibres lorsque vous lirez ces lignes …
3 hommes pour une femme…(tu parles d’une libération sexuelle !) …perles aux cous , fardés comme les adolescentes. Le quatuor de “Matalo” semble tour à tour sortie de “Hair, du “Big bazard” et de “The Adventures of Priscilla, Queen of the Desert”. Le télescopage est d’autant plus frontal, l’anachronisme d’autant plus flagrant qu’il s’accompagne d’une tendance à l’auteurisation, rapprochant l’effort d’un cinéma expérimental . Sans oublier une bande son troquant les attendu “Tagada-tagada” pour des saillies psyché-rock. L’addition parait à première vue salée. Mais dès ses premiers tours de bobine, “Matalo” a le mérite de clouer le spectateur d’une introduction surréaliste. Sa saloperie de service, échappe à la mort et déambule avec un calme inquiétant dans une ville mise à feu et à sang...Dans le décor, un prêtre dispense l'extrême onction à la chaîne…
Et puis, il y a cette veuve au regard brûlant, dont on ne sait pas très bien si le cœur vacille pour le truand, ou son cadavre de mari. Brune incandescente, dont on ne ne comprend pas bien la chute, saut de l’ange ou balle perdue. C’est fort, tellement fort qu’il faut user de la télécommande , s’y prendre à plusieurs fois pour ne pas obtenir la moindre réponse. Sûr que l’étrangeté de la séquence du taper dans l’œil de l’éditeur, qui s’empressa d’en déposer un cliché au dos de la jaquette. L’instant d’après, Matalo vire à l’attaque de diligence et termine sa course dans une “ghost town”. A en croire les fronts perlés de sueurs, la nuit est glaçante mais la chaleur ne tombe pas.
Le jet de Cesare Canevari se fait fantastique.. presque horrifique, ses personnages fantomatiques. Comme si la ville abandonnée était le dernier arrêt avant l’enfer. Une cité post apocalyptique au bout du nouveau monde. Bizarre sur toutes les coutures, trippant même un fois le mystère d’une présence errante résolu, le scénario laisse se dessiner un ventre mou. Comme si la mise en situation avait tiré toutes ses cartouches et n’offrait désormais que répétition. Heureusement l'arrivée d’un homme lanceur de Boomerang vient repêcher un récit sur le point de prendre l’eau.
Bien plus qu’un western en marge et non conformiste, Matalo a le mérite d’imprimer la rétine et l’esprit. Un opéra électrique et poussiéreux qui s’écartant des œuvrettes aux cast et situations interchangeables, a le mérite de rester en tête, une fois la galette éjectée.
Un oeil sur le disque :
Un copie correcte en Flat, piste italienne, sous-titres et doublage français sont de la partie. Mais cette édition brille surtout par ses suppléments: Une longue et intéressante présentation du film par Alain Petit doublé d’un documentaire signé Eric Cherrière et Claude Ledu. Rouge Western, une visite du genre guidé par le plus taiseux des héros, l’homme sans nom . (Mais ici pas sans voix).
Un oeil sur le disque :
Un copie correcte en Flat, piste italienne, sous-titres et doublage français sont de la partie. Mais cette édition brille surtout par ses suppléments: Une longue et intéressante présentation du film par Alain Petit doublé d’un documentaire signé Eric Cherrière et Claude Ledu. Rouge Western, une visite du genre guidé par le plus taiseux des héros, l’homme sans nom . (Mais ici pas sans voix).