Paragraphe 78 du protocole de mission : Les soldats contaminés devront d'abord être placés en quarantaine durant 24 heures puis, afin d' éviter tout risque pandémique, être éliminés. Ça ne rigole pas vraiment chez les forces spéciales d'intervention de l'armée russe lorsqu'il s'agit de sûreté nationale et de sens du sacrifice, ça ne plaisante pas plus lorsque le cinéma fantastique de l'ex URSS parvient à traverser les frontières. Déjà sorti chez Swift Productions en Mai 2011, Contagion (le titre d'exploitation français de Paragraph 78) tente à nouveau sa chance sur les terres fertiles de la vidéo le 23 avril prochain. Ecranbis.com l'attendait en embuscade pour un review mitrailleur …
Un commando spécial de l'armée Russe se déchire au retour d'une mission de sauvetage. Les hommes ont trouvé des otages mais leur chef Gudvin, craignant pour la sécurité du groupe, décide de les laisser sur place. Cinq années plus tard, Gudvin est chargé par le ministère russe de la défense d'une curieuse mission prioritaire. Dans un laboratoire militaro-scientifique secret, construit dans le passé sur ordre de Vladimir Poutine sur une île de l'Artique, une expérience a mal tourné. Une arme virale a échappé à tout contrôle. Gudvin décide de rassembler son ancienne équipe, embarquant au passage sa femme Lisa et un spécialiste des armes biologiques. L'objectif, rapatrier les données informatiques concernant ces recherches et détruire complètement la base. Arrivés sur place, les militaires découvrent par miracle deux survivants mais s'exposent au virus. Afin de respecter à la lettre leur ordre de mission et leur code d'honneur, les soldats décident de mourir les armes à la main. Ils se lancent dans un jeu d'extermination dans le laboratoire sous terrain...
Depuis 2004 et le Notchnoï dozor de Timur Bekmambetov (lui même devenu un artilleur régulier de l'oncle Sam avec entre autre la récente version vampirique d'Abraham Lincoln), le cinéma russe ne cache guère ses ambitions transfrontalières. Cinéphile, si tu ne peux pas aller à Moscou, Moscou viendra à toi ? Un chose est sure, les efforts déployés par nos amis de l'Est pour répondre aux standards et critères d'une industrie cinématographique mondialisée finissent par porter leurs fruits. Le marché de vidéo, par nature moins frileux, sert encore principalement de piste atterrissage mais au moins pouvons-nous jeter un œil à ces productions aux qualités inégales mais néanmoins toujours intéressantes (ne serait-ce que pour une simple question d'exotisme). A l'instar du diptyque «Обитаемый остров» de Fyodor Bondarchuk exploité en France l'été dernier sous le titre «BattleStar Rebellion» (avec au passage une belle citation d'Ecranbis.com sur la jaquette), notre péloche givrée du jour est en fait une œuvre composite ou plutôt compilatoire. Comprenez par là que Contagion est en fait le montage international d'un film de Mikhail Khleborodov en deux parties (de 90 minutes chacune) sorties séparément sur les écrans russes en 2007.
Ces «cut» destinés à l'export ne sont pas en général sans poser de problème. D'ailleurs la version que nous avons pu voir de Nighwatch était déjà un remontage du film de Bekmambetov faisant l'impasse sur des scènes mais aussi sur des personnages et évacuant par la même occasion une partie de la poésie originelle du récit. Dans le cas de Battlestar Rebellion, le compactage de 4 heures de bobines en 115 minutes avait livré à nos mirettes un récit elliptique concentré sur le versant le plus spectaculaire des aventure de Maxim sur la planète Saraksh. Pour Contagion , nous avons un peu plus de chance puisque le concept même du huis clos a visiblement imposé de conserver le développement des personnages. On se doute que le montage russe doit creuser un peu plus profond mais l'on a déjà ici 2h10 minutes pour vraiment embarquer dans l'histoire, s'identifier aux protagoniste, comprendre leur motivation... Nous ne sommes donc pas face à une sorte de montage épileptique de scènes d'actions et d'explosions dénuées de tout sens...
Le propos du film rappelle, lui, immanquablement The Thing (pour son ambiance polaire), Resident Evil (pour son virus, sa base scientifique et son dédale de couloirs), un je ne sais quoi de blockbuster US (Gudvin reformant son équipe en allant les chercher un par un dans leurs nouvelles vies) avant de brutalement changer son fusil d'épaule. La dimension fantastique réduite à l'anticipation (on savoure le clin d'oeil à Valdimir Poutine) ou la potentialité d'une arme virale, autrement dit ses secrets révélés, Contagion joue la corde de l'honneur, de la psyché militaire, de son jusqueboutisme voire d'une certaine forme d'absurdité. C'est à ce moment là que l'effort de Khleborodov devient véritablement un film d'action et paradoxalement qu'il s'autorise quelques longueurs... Essentiellement par manque d'enjeu véritable... La mort étant de toute façon présentée comme inévitable. Reste un curieux mais pas inintéressant volte face... Côté visuel, Contagion ressemble comme deux gouttes d'eau à ce que le cinéma russe nous a envoyé dans les mirettes ces dernières années: Scope rutilant, photo déchirante, effets stylistiques compulsifs et Matrixiens. Certains parleront de Bling Bling , on préférera écrire que l'envie de bien faire et de répondre aux fulgurances visuelles de l'oncle Sam habitent définitivement ces 130 fréquentables minutes... Davaï !
Le disque :
Swift nous permet de jeter un oeil sur Contagion dans des conditions techniques plus qu'honorables. Le film est présenté dans son format scope d'origine (jolie définition, compression discrète) accompagnée de mixages Dolby stéréo français et russes. Rayon bonus, 3 filmographies ... Toujours mieux que rien.