Doctor Mordrid: critique et test DVD


Lancé en 2012, le label 88 Films s'est fait une spécialité du lancé de galettes «Full Moon» dans les cieux vidéastiques anglais. L'effort est d'autant plus remarqué de notre côté de la Manche, qu'en pleine crise sectorielle et en dépit de quelques jets audacieux, les productions «Band» ne semblent pas ou plus éveiller l’intérêt des éditeurs français. La conséquence est des plus fâcheuse. Alors que la peu bandante production DTV américaine actuelle continue d'envahir les linéaires des supermarchés, des dizaines de pépites 80's et 90's , cultes jusqu'à la moelle restent désespérément inédites dans l'hexagone. La seule alternative pour se "coincer un disque dans sa platine" reste donc de se tourner vers l'import. En ce premier trimestre 2014, 88 Films tape fort avec pas moins de cinq nouveaux disques :Hideous, The Creeps, Alice Sweet Alice, Doctor Mordrid, Robot Wars. Les trois premiers titres sont disponibles sur le sol français, nous n'en parlerons donc pas. Mais les deux seconds sont eux, aussi inédits qu'indispensables à tout cinéphile accro aux plaisirs 90's. Ecranbis.com paye son review de circonstance...;)


1992 est-elle une année faste pour la Full Moon ? Je répondrais à cette interrogation par une autre. Existe-t-il des années non fastes pour la Full Moon ? Netherworld de David Schmoeller (La main des ténèbres), l'arrivée  fracassante des Demonic Toys et du drolatique SeedPeople (Glutors par chez nous) , tout deux réalisés par Peter Manoogian, Bad Channel, quasi version radiophonique de Terrorvision,le tout sous le houlette du (ça ne trompe pas ou si peu) réalisateur de Terrorvision, le troisième volet de Trancer et notre Dr Mordrid du jour. Il y a avait donc à voir et à rêver dans le line up annuel de Charly la malice. On raconte que Charles Band eu initialement en projet de produire une adaptation cinématographique d'un personnages développé par Marvel ; Le mythique Dr Strange. Mais pour des raison de droits expirés, le film aurait ré-écrit pour s'écarter de la création originale de Stan Lee.


S'écarter un peu … mais pas trop, devrais-je dire, car de tout évidence, l'ambiance comics qui se dégage de l’œuvrette ne laisse guère de doutes sur les intentions de ses coquins de concepteurs. Le Dr Mordrid est le parfait prototype du super héro. Pour les habitants de son immeubles New Yorkais, il est un voisin discret, effacé et sans histoires. Dans le secret de son appartement, il est le gardien d'une porte ouverte sur une autre dimension. Le scénario s'entiche fatalement d'une sorte d’alter-ego négatif, un sorcier rival nommé Kobal et donc le projet machiavélique consiste à lâcher sur notre monde, une horde de créatures démoniaques emprisonnées dans un château volant. Le tout est sans surprise traversé par une amourette chaste et platonique entre notre magicien et la première terrienne à bouclettes de passage dans le cadre.



Pour mettre en image cette bande dessinée pour teen, Charles Band a la bonne idée de convoquer son propre père, Albert Band. Dr Mordrid est donc une œuvre à quatre mains mais aussi une composition pélliculaire familiale. Richard Band est chargé de la musique et le jeune Alex, fils de Charles se voit offrir un petit rôle. Famille de sang et famille de cœur, devrions-nous ajouter. Jeffrey Combs dont la carrière à décollé grâce à deux bobines des mid 80's, estampillées Empire (ReAnimator et From Beyond) obtient le rôle titre. Et l'oscarisé David Allen , roi de la stop motion et illusionniste récurant de la production Band, récupère la douloureuse tâche d'enchanter à moindre coût ce rêve éveillé  Mission réussie, les tours de passe passe old school du maître (Un duel de deux squelettes de monstres préhistoriques  quelques plans de démons et une sublime cité des nuages) saupoudrent un peu de poésie sur ces 74 minutes, rappelant aux cinéphiles d'aujourd'hui ce que l'imaginaire a perdu dans la révolution numérique.



Certes, Dr Mordrid est, pour ne pas dire reste, une fable naïve. Une production exclusivement destiné à remplir les linéaires des vidéos clubs et à séduire le jeune public. Il n'en reste pas moins un spectacle charmant, pratiquement une œuvre de transition entre l'imaginaire des années 80 et celui des années 90. A voir  ou revoir au moins pour ses fulgurances "Stop Motion" et sa capacité à surfer d'une main sur le comics US et de l'autre sur la vague naissante de la fantaisie urbaine.


Le disque : 

Pas de mauvaises surprises du côté de 88 films dont l'ancienne devise (des classiques traités avec respect) semble être à nouveau vérifiée. Doctor Mordrid nous arrive dans un master 1.33 4/3 à la fluidité sans doute un peu défaillante mais néanmoins honorable. Un seul et unique mixage Dolby Digital Stéréo est disponible sur la galette et sachez qu'il est en langue anglaise. Rayon suppléments, vous retrouverez une numéro Vidéozone consacré au tournage de Dr Mordrid, document d'autant plus intéressant qu'on y découvre l’extrême complicité des Band père et fils ainsi que les travaux d'Allen. Le tout est complété par un trailer et une flopée de bandes annonces éditeur (au superbe menu façon drive-in, on ne s'en lasse pas). Sachez enfin que le disque est zone ALL et s'accompagne d'une jaquette réversible permettant de retrouver les artworks d'époque , boitier bleu en prime.