Black Water Vampire : Critique et test DVD ( Import UK)



Faute d'un actualité vidéastique suffisamment croustillante et mordante, bon nombre des cinéphages de notre belle contrée lorgnent désormais hors des frontières pour satisfaire leur soif d'étrange et de frissons. Loin de nous l'idée de jeter la pierre, mais simplement de pointer du doigt un fait devenu irréfutable. Le support DVD vieillissant, la galette bleue peinant à prendre le relais, les acteurs français du secteur devenu (à quelques savoureuses exceptions près) un peu frileux, une bonne partie des péloches fantastico-horrifiques récentes nous filent entre les doigts pour mieux nous passer sous le nez et finir sur nos oreilles. On en sait pas encore si «Black Water Vampire» premier jet sanglant d'Evan Tramel sera un jour offert à précieuses mirettes, Ecranbis.com s'est donc naturellement tourné vers les linéaires de nos cousins anglais et chronique l'édition Image Entertainment dont la  sortie est  annoncée le 24 mars 2014 !

Found footage ! Le mot ou plutôt l'expression aurait, nous dit-on, la faculté de donner des «hauts le coeur» à certain observateurs, sans doute devenus au fil des visionnages allergiques aux tics réalisationnels du sous genre. Image DV sautillante, out of focus et hors cadre providentiels (quand on a pas les moyens de montrer grand chose, autant rester dans le flou ou ne rien montrer du tout), vision nocturne pour menace invisible. La recette bien que datant des sacro-saintes 80's (Cannibal holocaust, 84 Charlie MoPic) fut consacrée au crépuscule des années 90 par un film au succès aujourd'hui encore discuté. Superbe arnaque conceptuelle ou coup de maître, une chose est sûre le «Blair Witch Project» de Daniel Myrick et Eduardo Sánchez a ouvert la voie à quelques dizaines de jeunes réalisateurs désargentés et autant de perles hautement vidéastiques. Il faut dire que le genre est par nature peu exigeant. Une caméra vidéo, une paire d'acteurs près à péter le cable et les plombs sur un vague postulat horrifique faisant office de trame.

Depuis 15 ans, on mange donc du document perdu retrouvé à toutes les sauces. Sorcières sans balais, cannibales boulimiques, démons volontaires à l'exorcisme, esprits frappants et frappeurs, tueurs fous, extra-terrestres, troll gigantesques... L'essentiel du bestiaire fantastique a donc été passé à la moulinette du "faux doc". L'essentiel mais pas tout puisque à ce jour, le vampire, la plus mordante des créatures de la nuit n'avait pas eu droit à son «truc bidule chose project». D'ailleurs, impossible en visionnant notre «Black Water vampire» de ne pas établir un parallèle voire l'analogie avec l'effort de Myrick et Sanchez. Et pour ne rien vous cacher en  dépit de quelques écarts (et en particulier de quelques dérapages conclusifs) , le premier semble une quasi transposition du second.


Quelque part en Virginie (et non à l'interieur de Virginie, calmez vous un peu, on sait bien que c'est le printemps mais tout de même !), dans les profondeurs boisées de «Black Water», quatre mystérieux meurtres ont été commis depuis 1972. Tout les dix ans, le 21 décembre une jeune femme est trouvée sans vie, vidée de son sang, nue dans la neige, marquée d'un étrange symbole et d'une morsure à la nuque. En 2012, la documentaliste Danielle Mason décide d’enquêter avec son équipe sur les lieux des crimes. Arrivé sur place, ils découvrent un lieu reculé à l'ambiance lugubre et aux habitants peu loquaces. L'homme accusé des meurtres, depuis sous les barreaux,  tient de son côté un discours des plus délirants. Les jeunes gens décident de s'aventurer dans les bois jusqu'à théâtre de l'horreur. Mais, ce qui les attend dans cette enfer enneigé dépasse tout ce qu'ils ont pu imaginer...


Fatalement, Black Water Vampire accouche de son lots de cris dans la nuit, de stupeurs bucoliques et de panique sous une toile de tente. Orage dans un verre à brosse à dent ? Disons que Evan Tramel qui signe ici son premier métrage, régurgite sans trop de gènes mais avec une certain efficacité une décennie de formules situationnelles. Le film échappe cependant à la resucée intégrale dans sa dernière demi-heure. Coup de canif au cahier des charges de tout bon descendant du "Blair witch project", la bestiole aux dents longues responsable du carnage décennale, squatte le cadre. Il faut dire qu'elle est plutôt bandante, à mi chemin entre les monstres de «The Descent» et la chauve souris géante. Deuxième petit écart, ce petit coin pas vraiment paradisiaque cache un autre genre de secret. Impossible de vous en dire beaucoup plus sous peine de vous gâcher la surprise mais on concedera que si « Black Water Vampire » commence par arpenter  les falaises du déjà vu, le film a la qualité, pas si fréquente  de terminer sur une bonne note et un poil d'originalité.

Voilà donc un petit «bis movie» qui à défaut de scotcher au canapé tient sa promesse initiale. Celle de tenir son spectateur 79 minutes durant. Les indécrottables aficionados du sous genre peuvent donc se laisser tenter.

Le disque :

Image Entertainement livre une galette zone 2 à l'image 1.78 plutôt sympathique. Il va de soit que la nature du métrage, volontairement «videastique» ne permet pas franchement de se rendre compte des qualités techniques du master. Pour le plaisir de la feuille, deux mixages (simple Stéréo et Dolby Digital 5.1 ) tout deux en langue anglaise d'origine. Le disque n'embarque pas d'options francophones ni de suppléments mais a la politesse de se présenter coiffé d'un fourreau cartonné avec glaçage s'il vous plait.