Pour son entrée sur la marché
français, l'éditeur américain «Severin» a choisi la
porte du derrière. En plus de Black Venus (devenu après un intense
travail d'adaptation traduction: La venus noire), les vidéovores de
l'hexagone auront loisir de découvrir ou redécouvrir un Kikoïne
fameux dans lequel, une certaine Sophie Favier, nymphe appelée à
incendier la petite lucarne, égara ses vingt et un printemps. Un
disque disponible depuis plusieurs semaines et sur lequel nous avions
fait jusqu'ici l'impasse... Ecranbis.com répare ce malencontreux
malentendu.
Charles de Beaumont, héritier désœuvré et
amateur de chevauchées en tous genres, croise le jeune Frank sur le
bord d'un chemin. Le gamin explique qu'à la mort de ses parents il a
du prendre la route, ses frusques usées
sur le dos et quelques livres en poches. De Beaumont, attendri par ce larmoyant récit, décide de
lui offrir le gîte pour la nuit ainsi que le couvert. Le passé de l’orphelin n'a pas l'air très clair, mais Charles concède qu'époque
victorienne ou pas, on ne jète pas un gamin à la rue. Frank aura
donc droit de poser ses valises au château, sous réserve d'accepter
de répondre aux usages de la bourgeoisie. Comprendre, recevoir l’éducation que tout gentilhomme se doit de recevoir. Les jours
passent, le ruisseau de la vie s'écoule jusqu'au soir où De Beaumont
surprend l'orphelin le nez dans sa collection de livres érotiques.
Confus, Charles décide de le corriger
sévèrement, mais le baissé de pantalon va révéler un problème des
plus fâcheux. Cravache en main, l'héritier découvre non sans
stupeur, que son protégé est une fille, nommée, sans doute pour faire rager Michel Sardou, France. Pour se remettre de ses
émotions, De Beaumont court étreindre Maud, une jeune plante qu'il
loge dans une résidence secondaire. Il parcourt le monde, goûte à
toutes les aventures, tous les plaisirs, mais rien n'y fait tout ses
pensées le ramène à France... « Depuis que je suis loin de
toi, je suis comme loin de moi » chantait un autre exilé à lunettes. Lorsqu'il se résout enfin à rentrer, la jeune fille lui déclare
sa flamme, heureusement en 1880, le gaz de ville n'existait pas
encore.
Le nouveau couple garde sa passion secrète et Charles qui n'a pu s’empêcher d'honorer Maud, histoire de ne pas perdre les bonnes habitudes, lui demande un menu service. La courtisane aura la lourde tache de parfaire l'éducation sentimentale de France.
Gérard Kikoïne entre dans l'érotisme en
tripatouillant les œuvres de Jess le fou, mais également en assurant
le montage du « Sexe qui parle » de Mulot. Après une
première coréalisation érotique dans la lignée d'Emmanuelle
(L'amour à la bouche 1974), il tente sa chance dans un cinéma plus
charnel. « Partie fine » (1977) marque le début d'une
longue lignée de péloches estampillées X, sur laquelle le jeune
cinéaste espère rebondir vers un cinéma plus traditionnel et moins démonstratif. 1982
marque la fin d'une période, Kikoïne rencontre Harry Alan Tower à
Cannes. Ce dernier lui explique vouloir mettre en chantier un film
que Playboy Channel lui a commandé. Ainsi naîtra « Lady Libertine ».
La chose sera tournée en France avec Jennifer Inch. Jeune américaine
qui eut la qualité de se faire remarquer l'année d'avant dans la
Teen Comedie «Screwball » de Rafal Zielinski (Valet Girls,
Screwball Hotel) Le casting a la particularité d'embarquer la
jeune Sophie Favier, qui à quelques encablures d'une starification
cathodique, s'offrait aux plus hardis des photographes de charmes.
Ne vous attardez pas sur la vocation télévisuelle du
métrage (d'ailleurs, le film a me semble-t-il été distribué en salle
en France ? Le doute m’étreint ! Répondez moi ! Ne me laissez pas
seul), Lady Libertine n'a rien ou pas grand chose de la coquinerie
bon marché des secondes parties de soirées. Film d'époque et
érotique , c'est à dire en costume mais également sans, ce conte
libertin s'habille et se déshabille d'une cinématographie subtile
(en particulier lorsqu'il s'agit de glisser le cadre sur les corps). Ce qui n’empêche pas De Beaumont, France et leur air de ne pas y toucher, d' exprimer un goût certain pour la
cravache. Le propos de « Lady libertine » change pour
ainsi dire de main sans perdre de le nord. Précieux sur les bords ,
retord au milieu. Le plaisir de caresser Sophie Favier du regard en
prime...
Le disque :
Serverin films offre « Lady Libertine » à nos fiévreuses mirettes dans son format 1.33 d'origine accompagnée de pistes française, anglaise et espagnole . Dans le boudoir aux bonus, une belle interview de Kikoïne !