Le 20 mai prochain, Shark Week vient roder sur nos côtes vidéastiques avec une question entre les dents: Le sang de la série B coule-t-il dans les veines de la famille Olen Ray ? Élevé sur les trottoirs du Poverty Row, le petit Christopher a connu ce qu'on appelle une enfance malheureuse. Exploité dans les productions de son odieux géniteur il troque peluche contre un costume d'extra-terrestre en 1983 (Biohazard). A 11 ans, il jouera les piliers de bar en devenir dans «Hollywood Chainsaw Hookers». Sur la bonne pente, et toujours auprès de son coquin de paternel, il s'essaye à la réalisation en qualité d'assistant (Bikini Jones and the Temple of Eros, Illicit Dreams 2, des tournages certainement désagréables) avant de voler de ses propres ailes ou plus précisément sur le dos d'un gloumoute préhistorique en images de synthèse dénommé Reptisaurus.
C'était avant de croiser la route de l'une des compagnies de production les plus aliénées de l'histoire du cinéma. Lancé dans les cieux américains sur le tard des sacro-saintes 90's, The Asylum va d'abord se frotter au fantastique nécessiteux et à l'horreur bon marché, genres "cache misère" par excellence, avant d'afficher un opportunisme décomplexé qui ne fut pas sans rappeler les années fastes du bis transalpin. Quelques part entre pur plagiat et exploit marketing, la production de l'asile va s'inspirer des blockbusters traînant encore dans les cartons d'Hollywood. Ainsi «Transmorphers» sortira aux États-Unis quelques jours avant «Transformers», «The Terminators» est, lui, censé surfer sur la sortie de «Terminator Salvation». «Snake on Train» s'accroche aux rails de «Snake on plane » et le «Paranormal Activity » maison , titré «Paranormal Entity» se paye le luxe d'être mieux foutu que l'original. Le mockbuster était né ! Mais l'autre incroyable talent de cette petite société ne tardera pas à nous sauter au... visage. Le "mega-monstre" numérique, jusque là chasse gardée de NU IMAGE, va inspirer nos petits opportunistes...Super Croc, The land the Time Forgot ( Prehistoric en France) amorce la pompe à bébêtes (mal) CGIsées.
Aux portes des années 2000 alors que Renny Harlin réanime la thématique «Requin» avec le très mal nommé «Peur bleue» , une autre société tentera d'exploiter le juteux filon avec un pas très bandant «Shark Attack» dans lequel Casper Van Diem torpillait ce qu'il lui restait de carrière. Plutôt contents d'eux (ou des bénéfices générés), les petits malins de Nu Image vont remettre ça avec un mémorable requin flottant dans «Shark Attack 2» qui sera lui-même suivi d'un hilarant opus 3 ainsi que d'une série de "requineries" louchant avec plus ou moins de bonheur sur le Jaws de Spielberg. Il eut été étonnant qu'Asylum ne s'essaye à l'exercice. D'abord avec la série des «Mega Shark» puis avec le tout aussi improbable «Attaque du requin à deux têtes» puis « Sharknado ». Mais avant la buzzante péloche d' Anthony C. Ferrante, la petite société californienne produisait notre Shark week du jour !
Shark Night (Shark 3D en France) de David R. Ellis étant passé par là, invitant le thriller à tâter de l'aileron, Shark Week n'est pas à proprement parler un énième rip of des "Dents de la mer". Le propos rappelle pèle mêle Saw, ses innombrables ersatz, le survival et un épisode "extended" de Koh Lanta. Sept individus n'entretenant à priori aucun rapport les uns avec les autres sont arrachés à leur quotidien. Enlevés, drogués, cagoulés. Ils se retrouvent réunis sur une île, autour d'une piscine remplie requins. Leurs hôtes, un certain Tiburon (la candeur des scénaristes américains me fera toujours tomber de ma chaise) et sa compagne (Yancy Butler qui a, au passage, pris un sacré coup dans le compteur à rides) leur annoncent le programme des excursions à venir. Pour survivre, ils devront traverser l'île d'un bout à l'autre en affrontant diverses variétés de prédateurs aquatiques.
Pas besoin de faire un dessin, les requins de Shark Week, jouent dans ce vague récit un rôle parfaitement accessoire, ils sont, pour l'écrire autrement, relégués dans l'argumentaire numérico -spectaculaire de l’œuvrette. Il existe de fait deux façons de voir l'effort de Ray Jr. La première étant de faire passer cette « joyeuseté pelliculaire» dans le tamis analytique du blockbuster et dans ces cas là , évidement, la semaine du requin à des airs de pêche malencontreuse. La seconde est de considérer la chose comme l'expression actuelle d'un cinéma d'exploitation de seconde zone, hautement vidéastique dont le seul objectif déclaré est d'occuper les secondes parties de soirées télévisuelle. Dans cette configuration, ce jet aquatique, malin dans son art de ne pas trop en montrer, séduira sans doute les indécrottables fans des mâchoires infernales et d'effets numériques en soldes. Un film de requins pour les mordus en somme.
Le disque :
Omnitem opte pour la simplicité avec une disque présentant le film dans un format 1.77 (Master de bonne qualité) accompagné d'une seule et unique piste française.
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