After Life : Critique et test Bluray



Que n'a-t'on pas lu et entendu à propos d'After Life ? «Une série B inégale, frôlant le ridicule» pour les uns, «un nanar fantastique" pour les autres en passant par le très attendu trait d'humour si caractéristique d'une critique parisienne généralement plus gauche que de gauche «Qu'on enterre ce film et qu'on en parle plus! ». Si je m'autorise cette parade de citations et de saillies, ce n'est certainement pas pour tacler nos amis de la presse non spécialisée qui n'ont plus besoin des croques en jambe de leur confrères du web pour se casser la figure, mais simplement pour pointer du doigt l’extrême élégance littéraire, l'érudition saillante de ces messieurs, toujours prompts à classer toute bobine sortant des rails dans le tiroir de la «Série B», voire du «Nanar» autre appellation cinéphilique à géométrie variable et origine non certifiable. Il n'est pas non plus question de leur refuser le droit de ne pas aimer un film, mais plutôt d'inviter les plumes de Télé poche et équivalents  à aller chroniquer "Camping"... C'est bon messieurs, on s'occupe du reste :) .

A part ça After Life, réalisé en 2009, projeté lors du Champs-Élysées Film Festival de 2012, s'est enfin frayé un chemin jusqu'à nos platines. TF1 Vidéo en livrera des éditions Bluray comme DVD le 6 août de cette douce année. Ecranbis.com l'a vu, Ecranbis.com l'a aimé et vous explique pourquoi.


Anna Traylor jeune institutrice de son état, traverse l’existence comme on prend un bus. Le confort d'un siège, le défilé des paysages , l'impression d'un voyage et les mains loin du volant. Son amourette avec Paul Coleman, brillant avocat, bat de l'aile mais peu importe. Les jours se suivent et s’enchaînent, rythmés par les coups portés aux portes de la conscience. Questionnements sourds, presque un battement de cœur: Qu'est-ce que l'amour ? Suis-je aimée ? Aimerai-je un jour ? Puis vint la soirée de trop, cette table de restaurant trop petite, cette bague que Paul n'aura pas le temps de lui donner. Un coup de sang, les yeux pleins de larmes, la demoiselle prend la route. Le regard pris dans les phares, la belle sombre, c'est l'accident. Anna se réveille sur un table, le corps et les pensées engourdies. L'homme qui s'affaire près d'elle la prévient. Vous êtes morte... Dans quelques jours vous serez enterrée et je vais préparer votre corps. Impossible d'en dire beaucoup plus sans risque de lever le voile sur ce qui fait le charme macabre et fantastique du premier film d'Agnieszka Wojtowicz-Vosloo.


Il est ici question de scruter l'autre côté du miroir, cette destination finale offerte à tous sans distinction aucune. Une vielle histoire de parapluie à fermer et de porte à claquer dont Wojtowicz-Vosloo livre une exploration fine, minutieuse, féminine, serais-je tenté de dire. Ici point d’expérience interdite, de couloirs étincelants de lumières et de retours de l'au delà, un esprit démoniaque dans les poches. Rien de spectaculaire, si ce n'est les lumières pales d'une salle d'attente pour l'outre vie. Un hôte étrange et, partout autour, les petits cailloux annonçant le chemin à venir. Revers de la médaille, dans son application narrative et sa façon de jouer au petit poucet, Agnieszka donne parfois l'impression de livrer une devoir scolaire léché, maîtrisé d'un bout à l'autre mais qui rappelle avec quelle application maladive les jeunes filles peuvent parfois remplacer les points sur les «i» par des ronds parfaitement maîtrisés lorsqu’il ne s'agit pas de cœurs …


C'est bien l'une des rares choses que l'on puisse reprocher au métrage qui parvient, à la force de ses seuls casting et qualités cinématographiques à embarquer le spectateur dans cette zone de transit entre vie et mort. Pour ne rien gâcher,  Christina Ricci y dévoile corps et âme. After Life dans son art de faire flirter la poésie macabre avec le thriller, se révèle brillant, subtil et parfois même effrayant. Sans doute l'une des plus belles surprises vidéastiques de l'été.



Le disque :

TF1 Vidéo livre ici un Bluray au master Haute définition clinquant et scopé, accompagné de mixages français et anglais. (Sous titre français optionnelles). En guise de bonus, une flopée de bandes annonce des plaisirs à venir et un making of qui se trouve être un entretien avec Agnieszka Wojtowicz-Vosloo. Attention toutefois de ne pas vous ruer sur ce supplément avant d'avoir vu le film puisque la réalisatrice y dévoile l'essentiel de l'intrigue (Curieuse idée au passage). Notez enfin que ce disque est proposé à prix budget sur Amazon: 12€99.