Si le bisseux a l'extase facile devant
l'affichiste et sa capacité à élever l'arnaque au rang d’œuvre
d'art, il peine le plus souvent à reconnaître le douloureux labeur
du «titrise», ce génie anonyme apte à embraser l'imagination
d'une simple combinaison de mots, rappelant qu'aux royaumes du
vendeur de bobines, un trait d'esprit vaut parfois tous les coups de
crayons. Il y a le titre résolu (Jamais plus jamais), l'indécis
(Jamais plus encore), celui qui ne mélange pas tout (Les uns et
les autres), l'évité de justesse (Les dents de la mer deux...ième
partie), celui qui n'a pas pu freiner (Saw 6), le franc du collier (Dogs), le franc du colon (Ginger par derrière), celui après on
court (The running man), celui qui nous tombe dessus sans qu'on lui demande (Météor). Il
vole parfois d'un film à l'autre, se posant sur les jaquettes comme
un papillon sur la fleur mouillée par la rosée du matin. Il passe
comme un herpès de lèvre en lèvre, de traduction littérale en
traduction latérale. Gloire ! Oui je le dis Gloire à cette science
du verbe, aussi basse en soit la justification et aussi mercantile en soit
l'essence.
Bonjour, on passe pour la rénovation des toitures... |
Aux jeux olympiques de la promesse, «L'invasion
des Araignées géantes» a tout pour plaire. Une affiche qui fait le
tapin et un titre qui annonce le tarif. Déjà sorti en tout début
d'année, dans un master à côté de la plaque, le carton plein de
Bill Rebane revient dans nos salons pour un nouveau tour de piste.
The Giant Spider Invasion y perd son poilant doublage français mais
gagne quatre précieuses minutes de runtime, permettant à l'éditeur
de taxer son effort de «version inédite» . Au menu de ce plat de Drive-in,
des arachnides doublement particulières puisque nos velues
demoiselles, non contentes de souffrir de gigantisme, présentent la
singularité d'être non pas tombées de la toile mais des étoiles. Il
n'en faudra pas plus pour semer la zizanie dans une petite ville
perdue des entrailles de l'Amérique.
Alors la blondasse, on se fait une toile ? |
A l'instar des ses bébêtes cosmiques et comiques, Rebane, Bill de son prénom, Letton d'origine,
aurait échoué sur les terres de l'oncle Sam, ses rêves pré
pubères et cinématographiques sous les bras. La légende dit le
gamin passionné par la comédie musicale et le western, rien ne le
prédisposait donc au bowling exploitatif. C'est pourtant bien les
quilles d'un cinéma indépendant et fauché, qu'il va renverser
durant deux décennies bien remplies. Tournant le dos aux sirènes
d'Hollywood, il s'installe dans Wisconsin d'où il enverra
quelques cartes postales bisseuses remarquables. Un courrier
cinéphilique du cœur, duquel s'extrait sans trop de mal notre
«Invasion des araignées géantes» entrée depuis dans le culte (aie! non pas par là) pour cause de succès imprévu. Emboîtant le pas
de la monstermania post Dents de la mer, le film cartonne dans les
drive-in où il rapporte plusieurs dizaines de millions de dollars, lui
permettant ainsi de se classer dans le top des péloches les plus
rentables de l'année.
C'est désormais officiel, le fist n'a plus de limite... |
En plein age d'or de la vidéo
locative, sa cassette s'arrache et la télévision américaine en
fait un classique des secondes parties de soirée. Objectivement, pas
une seule génération de Yankees n'a pu échapper à The Giant
Spider Invasion, pas même la dernière portée qui
découvrira l'œuvrette dans un épisode spécial du show
sarcastique «Mystery Science Theater 3000». En Gaule, la
chanson est un peu plus triste puisque depuis sa sortie sur les écrans
en 1976, notre Rebanerie s'est fait discrète au point d'être
souvent confondue avec d'autres films d'araignées. La faute en
revient certainement à une édition VHS ayant eu la mauvaise idée
de le retitrer «Spider, L'horrible invasion» au risque
d'abandonner le vidéophile à une certaine confusion. L'horrible
invasion est également le titre du trippant Kingdom of the Spiders
de l'ami John Bud Cardos.
Fréquemment cité,
pour ses propriétés nanardesques, L'invasion des araignées géantes
vaut surtout pour deux choses. La première est son armée de
vétérans à moitié en vacances dans la Wisconsin (Alan Hale Jr, Barbara Hale, Steve Brodie) La seconde est
indiscutablement sa splendide araignée montée sur un châssis de
Coccinelle. Une créature mi ringarde, mi stupéfiante entrée en fanfare
au panthéon de l'effet spécial. Franchement décousue, mais
toujours sympathique, cette série B des seventies ravira sans doute
plus d'un amateur de vieilles casseroles et de poêles rouillées. Les autres sont priés d'y
aller mollo, ce genre de came cinématographique là nécessite de l’entraînement !
Notes : Pour la petite histoire, nous
avons eu vent l'an passé d'une bien triste nouvelle. L'armature métallique de
l'araignée, utilisée durant le tournage et depuis entreposée dans
une grange par le réalisateur, a mystérieusement disparu.
Aussi, si un de ces quatre matins, vous voyez passer une araignée
géante sur votre pelouse ou sur votre épouse, n'hésitez pas à contacter la
rédaction. Nous transmettrons votre signalement aux
autorités compétentes.
Le disque :
Cette nouvelle galette zone all permet de découvrir «Giant Spider Invasion» dans un master sans grande surprise 1.33 (De l'open matte s'autorisant le passage quelques micros dans le cadre). Un transfert certes pas miraculeux mais qui surplante sans aucun problème la précédente mouture, en terme de définition, colorimétrie et de fluidité. C'est déjà ça ! Une seule piste audio anglaise originale est proposée mais elle est accompagnée de sous-titres français. Petit bémol, ceux-ci s'avèrent non débrayables (Bah alors les gars, qu'est-ce qui se passe ?). Dans la toile des bonus, une petite entrevue avec un Bill Rebane visiblement au bout du rouleau (6 mn environ en VOST), une bande annonce et le court métrage «A louer» (Le comble pour une galette réservée à la vente) de James L. Frachon avec Laurent Deutsch. Un bout de péloche qui a eu le talent d'être primée à Gerardmer. Roulez Jeunesse !
Le disque :
Cette nouvelle galette zone all permet de découvrir «Giant Spider Invasion» dans un master sans grande surprise 1.33 (De l'open matte s'autorisant le passage quelques micros dans le cadre). Un transfert certes pas miraculeux mais qui surplante sans aucun problème la précédente mouture, en terme de définition, colorimétrie et de fluidité. C'est déjà ça ! Une seule piste audio anglaise originale est proposée mais elle est accompagnée de sous-titres français. Petit bémol, ceux-ci s'avèrent non débrayables (Bah alors les gars, qu'est-ce qui se passe ?). Dans la toile des bonus, une petite entrevue avec un Bill Rebane visiblement au bout du rouleau (6 mn environ en VOST), une bande annonce et le court métrage «A louer» (Le comble pour une galette réservée à la vente) de James L. Frachon avec Laurent Deutsch. Un bout de péloche qui a eu le talent d'être primée à Gerardmer. Roulez Jeunesse !
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