Folie Folie, Bugsy Malone, Susie et les Baker boys et Rhapsodie en 3 Bandes ... L'éditeur Elephant films joue en cette rentrée les cartes de la surprise et de la comédie musicale pour cueillir le vidéophile compulsif à la sortie de vacances. C'est à dire au moment précis où l'équipe d'Ecranbis.com s'est autorisé un peu de repos et de détente sur les plages du sud de la France... Étendues de sable offertes aux fleurs fanées, aux poussins fripés comme à leurs adorables caniches à frisouilles. Les joies de septembre cumulées aux joies de la retraite, celles des autres bien sûr. Allez, assez de cynisme, de chichis et de chouchous, on redémarre la machine à review et on commence par un ovni aussi carabiné qu'inédit dans notre bel hexagone: Rhapsodie en 3 Bandes, retitrage tout sauf littéral de Billy the kid and the Green Baize vampire.
Un Londres imaginaire mais définitivement ancré dans les années Thatcher et un savoureux esthétisme glam rock rappelant les premières circonvolutions clipesques d'MTV.
Billard oblige, voilà une œuvrette pleine de queues et de boules mais notre intransigeant comité de censure interne veillant désormais au grain, on se retiendra de glisser nos frêles plumes dans les draps d'un humour graveleux. Dans un Londres imaginaire mais définitivement ancré dans les années Thatcher et un savoureux esthétisme glam rock rappelant les premières circonvolutions clipesques d'MTV, Rhapsodie en 3 Bandes s'accroche aux guêtres de Billy The Kid. Le jeune Cockney, coiffé par Frank Provoc', prodige du billard, est passé maître dans l'art de plumer ses victimes sur tapis vert. Son agent, un certain T.O. aka The One (campé par Bruce Payne), a également le goût du jeu et des cartes. Mais Dame La Chance lui tournant le dos, il se retrouve trempé jusqu'au cou dans un océan de dettes. Un marre de biftons que le mystérieux Wednesday Man se propose d'éponger sous la plus étonnante des conditions. The One devra convaincre Billy the Kid d'affronter Maxwell Randall, indétrônable champion officiant sous le doux sobriquet de "The Green Baizer Vampire" dans un match en 17 manches.
Faut-il voir cette bataille de queues à travers le prisme de la lutte des classes ou celui de la confrontation générationnelle ? Les deux mon capitaine !
Pour s'assurer de la coopération des deux champions duellistes, The Wednesday Man débauche une jeune journaliste qui à coup de tranchants interviews excitera les égos pour faire monter les enchères, tandis que Maxwell Randall exige qu'un contrat stipule noir sur blanc, que le vainqueur de la partie, devra renoncer pour le restant de sa vie au billard. Billy the Kid Vs Dracula, un crossover inattendu à défaut d’inédit, William Beaudine nous avait déjà fait le coup au cœur des sixties, doublant son effort d'un tout aussi farfelu Jesse James contre Frankenstein. (Les deux œuvrettes furent d'ailleurs exploitées en suivant les règles commerciales du Double Bill, pendant cinématographique du un acheté, un offert). Calmons toutefois nos hardeurs des cinéphiles déviants, Billy the kid and the Green Baize Vampire aborde ce choc des titans de façon particulièrement symbolique, limitant son discours à une forme de parabole sociétale. Billy incarnera la jeunesse et l'Angleterre d'en bas, The Green Baizer Vampire, celle d'en haut et l'establishment. Faut-il voir cette bataille de queues (on a avait dit non !) à travers le prisme de la lutte des classes ou celui de la confrontation générationnelle ? Les deux mon capitaine ?
Clark assure un spectacle dont la branchitude gagne en nostalgie ce qu'elle perd en désuétude.
Le plus important est de toute façon ailleurs, c'est à dire dans le quasi indescriptible méli-mélo réalisationnel qui sert de substance au métrage. Tour à tour dérivé de l'art du clip, du théâtre, Billy the kid and the Green Baize Vampire ose toute les folies, toutes les excentricités...Jusqu'à la comédie musicale, pourrions-nous dire. L'amalgame a de quoi laisser le spectateur sur les fesses, en particulier de ce côté de la manche où le film d'Alan Clark a, disons-le, la saveur d'une péloche inconnue. Mais armée d'une folie toute britannique, d'une mise en image caressant l'imaginaire dans le sens du poil et d'une bande originale qui ne vole pas «pour une fois» son titre, cette Rhapsodie en 3 Bandes assure un spectacle perché dont la branchitude gagne en nostalgie ce qu'elle perd en désuétude. Ce qui nous permet d'écrire dans ces modestes colonnes numériques que son visionnage s'impose cet automne à tout cinéphiles curieux et aventureux.
Un oeil sur le disque :
Elephant films nous livre Rhapsodie en 3 Bandes dans une édition réussie permettant de découvrir le film dans son format d'origine (Ratio image 1.66), dans un master séduisant mais 4/3. Il faudra donc jouer du zoom de vos dalles et vidéo-projecteurs pour gagner quelques centimètres d'image. Le film étant resté inédit en France et en l'absence de doublage dans la langue de Molière, Rhapsodie en 3 Bandes nous est proposé dans une version originale anglaise encodée en Dolby Digital Stéréo et sous titrée en français.Dans la cale aux bonus, une galerie d'image, des bandes annonces, la bande son séparée et une présentation du film par Jean-Pierre Dionnet en personne. Une édition convaincante et vendue sous la barre des 16€ sur Amazon.fr .