Délivre-nous du mal : Critique et test Bluray



« Si vous n'avez pas peur, on vous le rembourse» clame un sticker délicatement posé sur le blister de «Délivre-nous du mal». On ne sait pas encore si beaucoup de cinéphiles déviants renverront leur galette à la face de l'éditeur en réclamant leur du. Mais on sait déjà que le nouvel effort de Scott Derrickson est disponible dans des éditions Bluray et DVD depuis le 14 janvier. Que la honte divine s'abatte sur nous, l'Ecranbis était passé à côté de la sortie. Une chronique de rattrapage s'imposait.


Venu du «straight to vidéo» pur jus (Hellraiser: Inferno), Scott Derrickson aura réussi à se faire un nom dans le petit monde de l'effroi sur grand en écran en plein milieu des années 2000. Son troublant «Exorcisme d'Emily Rose» sera malheureusement suivi d'une faute de goût à 80 millions de dollars: «Le jour où la Terre s'arrêta». Ce remake aussi coûteux que douloureux d'un classique de la SF américaine faillit mettre un coup d'arrêt à son ascension hollywoodienne. Mais, le cinéaste retrouvera le succès en revenant à ses premières amours. Son nettement plus économique et retors «Sinister» fut sans grande discussion possible l'une des bonnes surprises de l'année 2012. Même la France, généralement frileuse en matière d'horreur lui ouvrira les portes de ses salles obscures. (Non sans quelques péripéties, n'hésitez pas à jeter un coup d'œil à notre chronique de Sinister). Deux années plus tard, Derrickson revient, une nouvelle saillie en territoire fantastique sous les bras.

"Jouant avec des thématiques récurées et récurrentes du cinéma fantastique: traumatisme militaire sur les bords et exorcisme au milieu, Scott Derrickson parvient, non sans quelques coups de canif à sa promesse initiale , à imposer son récit et un ton"


Délivre- nous du mal , qu'il ne faudra ni confondre avec le film d'Amy Berg (2008), ni avec celui l retitrage français du sympatoche «Devil's Prey» est, nous dit-on, inspiré de faits réels ou du moins réellement inspirés par le livre «Beware the night», recueil des témoignages de Ralph Sarchie, agent du NYPD reconverti dans la démonologie. Le script co-écrit par le réalisateur et Paul Harris Boardman (L'exorcisme d'Emily Rose, Urban Legend 2 : coup de grâce) nous accroche d'abord aux rangers de trois soldats américains en mission sur le sol brûlant irakien. 

Après avoir échangé quelques coups de feu avec un ennemi invisible, nos troufions découvrent un étrange tunnel conduisant à une salle souterraine dont les murs sont recouverts d'inscriptions en latin. Quelques années plus tard, New York est secoué par de surprenants phénomènes. Une famille d'immigrés italiens prétend que sa cave est hantée, au zoo du Bronx une jeune femme jette son enfant dans la fosse... Ralph Sarchie, policier enquêteur de haut vol ne tarde pas à établir un lien entre ces faits et les trois soldats. Il va faire équipe avec le père Mendoza, jeune prêtre exorciste pour affronter un esprit démoniaque et millénaire... 

"cette plongée à la fois urbaine, poisseuse et horrifique a tout de l'exercice et de la figure pelliculaire réussie. Preuve en est, les 110 minutes du métrage, joyeusement caviardées d'électro-chocs et de boo-effects, défilent sans que jamais l'ennui de s'invite vraiment à la fête."


Jouant avec des thématiques récurées et récurrentes du cinéma fantastique: traumatisme militaire sur les bords et exorcisme au milieu, Scott Derrickson parvient, non sans quelques coups de canif à sa promesse initiale , à imposer son récit et un ton. Certes, son « Délivre-nous du mal » n'invente pas grand chose, se contente d'agencer les meubles et les concepts avec maîtrise et roublardise. Mais cette plongée à la fois urbaine, poisseuse et horrifique a tout de l'exercice et de la figure pelliculaire réussie. Preuve en est, les 110 minutes du métrages, joyeusement caviardées d'électro-chocs et de boo-effects, défilent sans que jamais l'ennui de s'invite vraiment à la fête. On en attendait pas moins du réalisateur. Mais peut être en attendions nous un peu plus. On se consolera avec de savoureuses allusions aux «Doors» et à «Jim Morrisson» qui ne manqueront pas de «parler» à ceux qui tentèrent d'écouter «Break on Through» à l'envers. («Treasures there» donnant une fois inversé: «I'm satan")



Face caméra , Eric Bana qui remplace Mark Wahlberg initialement pressenti, fait si bien le job qu'il nous apparaît délicat de ne pas vous recommander de jeter un œil à ce «Délivre-nous du mal » au moins pour ajuster vos trouillomètres. Les réfractaires au fait religieux peuvent aussi s'y risquer, un peu d'exorcisme ne peut pas vous faire de mal.

Un œil sur le disque :

Sony Pictures Home Entertainment livre «Délivre-nous du mal » dans une édition Bluray réjouissante. Le master HD respectant le format scope (ratio 2.40) d'origine et offrant un piqué des plus satisfaisants. Une bonne partie de l'action du film se déroulant dans la pénombre, on pouvait craindre le pire. Mais il n'en est rien. Ce qui est donné voir ne présente aucun défaut décelable. Rien à redire d'autant plus que nous retrouvons cette excellence dans les mixages DTS HD master audio français et anglais (sous titres français amovibles) à la spatialisation et à la dynamique irréprochable. Dans la crypte aux bonus, ça se gâte un peu. Sortie du commentaire audio du réalisateur, le disque délivre des bonus certes nombreux ( Dont une bonne partie sont une exclusivité de l'édition Bluray) , riches en information mais reprenant le ton « très auto promo » des featurettes américaines. Notez enfin qu'un copie digitale (Ultraviolet ) est offerte.