Electric Boogaloo : Critique et test DVD


 En ce brillant début d'année, Luminor a eu la lumineuse idée d'offre à nos platines affamées le plus canon et le plus Cannon des documentaires. Accrochez-vous à vos télécommandes, lecteurs transis ! Electric Boogaloo est l'étape immanquable de votre périple vidéastique post-réveillonaire et un disque indispensable à tout cinéphile ayant eu la veine de croquer dans la pomme des années 80. Et l'Ecranbis.com vous explique pourquoi.


Notre histoire débute par un clin d'œil dont seule l'histoire a le secret. A l'aube des sacro saintes eighties, un certain Ronald Reagan éjecte Carter du ring électoral et devient le quarantième président des États Unis d'Amérique. Un acteur de série B à la Maison Blanche, le ton de la décennie serait-il donné ? Le cinéma des années 80 sera en tous les cas marqué par le patriotisme, la course aux armements, MTV mais aussi par l'explosion de la home vidéo et l'émergence de studios indépendants dans le paysage Hollywoodien. New Line, Orion, Carolco et dans une moindre mesure l'Empire Pictures de Charles Band. Quelques mois plus tôt, Deux cousins israéliens se sont payé leur part de rêve américain. Menahem Golan et Yoram Globus ont fait les fonds de tiroir et rassemblé les 500 000 dollars US nécessaires à l' achat d'une petite firme fondée par Dennis Friedland et Chris Dewey : La Cannon. Une renaissance dans les eaux troubles du «B movie», l'action flix et le genre. Une histoire de grandeur puis de décadence sur lequel le documentaire de Mark Hartley revient sans gueule ou langue de bois.


« Pour moi les films, c'est fait pour vivre deux fois. Quand je m'assois dans une cinéma, j'oublie ma vie, je suis dans l'histoire du film. C'est une autre vie »
- Menahem Golan

Les Go-Go Boys auront joué dans toutes les cours... Ninjaterie américanisée (American Ninja), le film d'auteur (Goddart, Zeffirelli, Cassavette), teen comédies infréquentables ( le nullisime The Last American Virgin), vietsploitation carabiné ( Missing in action) créant un cinéma bariolé, pochette surprise que les distributeurs comme le public achèteront sur la bonne mine d'une affiche, la bonne bouille d'un acteur, d'un cinéaste voire sur quelques lignes d'un synopsis vague. C'est l'heure des virées Cannoises, des déclarations enflammées «Nous produisons certains des meilleurs films au monde. On nous considère enfin parmi les meilleurs producteurs de films de hauts niveau» déclare Golan sur la Croisette. Des photos promotionnelles le montrent bras dessus bras dessous avec Globus, grimés en chasseur. Le slogan annonce la couleur «If you are Looking for box office firepower, we are loaded for action !


« Il y avait un contrat avec un… des types assez… un peu genre… c’était, Deux des trois Stooges, un peu… je ne sais pas si vous vous souvenez de cette série… mais qui étaient… sympathiques, de ce point de vue-là » 
- Jean Luc Godard (à propos de Golan et Globus)

Ne la cachons pas plus longtemps, Eletric Boogaloo n'a rien de la featurette promotionnelle allongée, on y parle la mitraillette à vannes dans les mains, le cynisme en bandoulière, au risque de défriser les ex fans des 80's ( dont votre serviteur fait partie), ceux qui ont plongé leur jeunesse dor��e dans les délires et délices pelliculaires de l'époque, ce cinéma porté disparu. Des moustaches du beau Charles à la barbe de l'ami Chuck, en passant par les muscles bandants de Bo Derek, les muscles bandés de Sylvester, Dolph et Jean-Claude. Tout un programme ! Monté avec énergie (Peut être trop d’énergie d’ailleurs), le film d' Hartley est une véritable mine d'informations et d'anecdotes nécessitant sans doute plusieurs visionnages pour en extraire la substantifique moelle .



"Des moustaches du beau Charles à la barbe de l'ami Chuck , en passant par les muscles bandants de Bo Derek, les muscles bandés de Sylvester, Dolph et Jean-Claude. Tout un programme !"

Au fond, le destin de la Cannon films est étrangement similaire à celui d'une autre firme qui lui fut contemporaine: l'Empire Pictures de Charles Band. Un cinéaste à l'enthousiasme inébranlable, une production tout azimut, une poignée de succès quasi involontaires et cette «folie des grandeurs» qui conduira les deux société à l'étranglement bancaire. Menahem Golan comme Band sont en quelques sortes, chacun à leur niveau, des anti-Roger Corman. ( à qui et permettez moi d'y voir un signe Golan doit ses premières expériences cinématographiques). Corman aura donc su rester, quelque soit le succès de ses films, dans les limbes du Low Budget e de l'artisanat. Lorsque Avi Lerner (un ancien de la Cannon) fort du succès de sa firme NU IMAGE eut l'idée de s'attaquer au gros budget avec son label Millenium et de racheter les Studios Boyanas en Bulgarie, on se dit que l'histoire n'a pas peut être pas fini de se répéter.



 Un œil sur le disque :

Luminor nous offre "Electric Boogaloo" dans une bandante édition boxée slim délivrant un master 16/9 (Ratio image 1.77) accompagné d'un seul et unique piste audio anglaise en Dolby Digital 5.1. Le disque embarque évidemment des sous titres français. Rayon bonus, il faudra se contenter d'un film annonce. Simple et efficace !