La dernière maison sur la plage


La maison près du cimetière, au fond du parc, la dernière sur la gauche, la dernière sur la plage... Sacrebleu! Le cinéma de genre ne connaîtrait-il pas la crise du logement ? Il y a en tout les cas au pays des cauchemars toujours une bicoque prête à vous accueillir, vous offrir le bain de sang ou le repos éternel. Histoire de bien commencer l'année 2015, Ecranbis.com joue les agences immobilières... Avec un tout à fait charmant « pied en mer » à prix défiant toute concurrence...

"Selon Saint Charles Bronson et les anges de la vengeance, l'auto justice est ce qu'il reste lorsque l'homme est abandonné par les siens et par ses dieux. Sa qualité d’échec humaniste, philosophique et sociétal, sa nature profondément subversive et anarchiste pousse à la condamnation unanime ou à la fascination"

Si même Hansaplast se met à faire du placement produit...
  Rape and revenge... Tout semble pratiquement contenu, endigué dans l'appellation. Et pourtant, la thématique a contaminé le 7e art avec malice et perversité, sautant de genre en genre, de sous-genre et dégénération pour cribler de questions le spectateur médusé et l'érudit présumé. Le goût de la vengeance puise-t-il sa force dans les rivières souterraines de l’âme humaine ? Coule-t-il dans le labyrinthe de nos veines, aux rythmes des pulsions sourdes et animales, franchissant avec la plus naturelle des fatalités les barrages érigés par la philosophie et la religion ? Lorsque la justice divine se fait attendre, lorsque la justice des hommes peine à se faire entendre, la roue du destin doit-elle tourner à la force des bras, ramenant les concepts de bien et de mal à la plus essentielle et ego-centrée des expressions ?

Nonne en juillet, morts dans l'été ....
 La réponse martelée 24 fois par seconde a le mérite d'être claire. Selon Saint Charles Bronson et les anges de la vengeance, l'auto justice est ce qu'il reste lorsque l'homme est abandonné par les siens et par ses dieux. Sa qualité d’échec humaniste, philosophique et sociétal, sa nature profondément subversive et anarchiste pousse à la condamnation unanime ou à la fascination collective. (Ne vous cassez pas la tête, c'est à peu près la même chose). Que serait le cinéma, la littérature sans victime devenue juge puis bourreau ? Je vous le demande... hein ?


1972, Wes Craven et Sean S. Cunningham tout deux appelés à devenir les créateurs de franchises horrifiques fameuses, défient le babacoolisme ambiant avec «La dernière maison sur la gauche» . Faites des morts pas la guerre ! Pourrions nous dire. le premier effort de Craven a la qualité de cristalliser une forme diffuse et sexualisée de cinéma vendetta. Un courant polymorphe, fluide (comme l'écrira Alexandra Heller-Nicholas dans son livre Rape Revenge: a critical study) s'acoquinant parfois au survival, au cinéma d'autojustice, au vigilantisme, surfant sur les obsessions sécuritaires des uns et in-sécuritaires des autres, parfois avec un soupçon de féminisme (car il faut bien tremper dans le jus... de l'époque, pardon mesdames). « Ce cinéma controversé qui flatte les bas instincts » écriront en chœur quelques générations d'observateurs défrisés, préférant se concentrer sur l'aspect mécanique des dites pépites ou les sentencieuses dissections psychanalytiques (Pulsions de vie, pulsions de mort, ça fait 60 € euros la séance et non je ne prends pas la carte vitale). A vue de progressiste, le retour sur écrans radars de la loi du talion, concept juridique archaïque a un je ne sais quoi d’intolérable ! Bichette ! 

Et oui, les clowns méchants ne datent pas d'aujou'd'hui...
"L'originalité de «La Settima Donna» n'est pas uniquement d'offrir à son récit revanchard, un décors simili tropézien, mais d'y adjoindre, façon malabar Bi-goût, un second parfum. Rape and revenge par devant, Nonnesploitation par derrière."

La dernière maison sur la plage offre outre un titre à la saveur très exploitative, une pension de jeunes filles et sa sœur sourire en proie à une bande de connards millésimés. Elles sont vierges, elles sont innocentes et belles... ( A part sœur Christine qui n'est plus qu' innocente et belle, ce qui est déjà pas mal). Ils sont stupides et vicieux et réussissent l'exploit de sentir des pieds à travers l' écran. La suite est une histoire de boomerang lancé trop loin et qui fatalement reviendra trop vite. Les soirées à tripoter les poulettes devant les films pornos (Détail subtil, le film est tellement chaud que même la télé en rougit), les coups de fer à repasser dans la tête, les viols au bâton... Se paieront cher suivant les règles de l'inflation,  du œil pour œil, dent pour dent. Et on ne pourra même pas compter sur Le syndrome de Stockholm pour s'en sortir. 


Tu tendras l'autre joue, mais il n'est pas précisé qu'il est interdit de prendre un peu d'élan...
L'originalité de «La Settima Donna» n'est pas uniquement d'offrir à son récit revanchard, un décors simili tropézien, mais d'y adjoindre, façon malabar Bi-goût, un second parfum. Rape and revenge par devant, Nonnesploitation par derrière. (Si vous avez souri, honte à vous!). Soeur Christina, pas encore gagnante de The Voice, y raccroche le crucifix pour faire passer à nos assaillants un dernier sale quart d'heure et transmettre leur dossier au tribunal divin pour comparution immédiate. La chose étant «de plus» joliment filmé, on ne saurait que trop vous conseiller d'en acheter deux exemplaires. 




Un oeil sur le disque :

Toujours pas de mauvaise surprise en provenance de la planète Artus, La dernière maison sur la plage nous parvient dans un master impeccable au format d'origine  et accompagnée de doublage français, italien sous titré. L'éditeur a eu la bonne idée d'y enfermer un entretien passionnant avec l'un des observateurs les plus en vue du la galaxie Bis : Le sieur David Didelot, rédacteur en chef de Vidéotopsie et auteur d'un récent ouvrage dédié à la collection gore. Tout est décidément bon dans l'ourson  !