Outpost 37: critique et test DVD



Une tranche de faux documentaire, une tranche de vrais militaires et une tronche d'alien, voici la consistance de «Outpost 37». Sandwich vidéastique ricain appelé à atterrir près de vos mirettes le 25 février 2015. (Edition E-One/Distribution Wild Side). Ecranbis.com l'a vu et vous en cause...Qu'est ce qu'on ne ferait pas pour toi, lecteur ?

En 2021, l'humanité doit faire face à sa première invasion d'extra-terrestres. La plupart des grandes villes sont détruites mais cette armée d'outre espace est repoussée. Dans leur débâcle, les aliens abandonnent des milliers de leur soldats sur la terre. 2023, les forces terriennes établissent des avant postes afin d'éliminer ces créatures. 10 années plus tard, une équipe de tournage accompagne les soldats dans l'un des tout derniers avant postes encore en fonction: L'outpost 37 !



Bernadette Soubirou a vu la vierge, Jabbar Raisani a vu Terminator ! Ne rigolez pas ! Cette apparition toute cinématographique aurait suffit à dicter au gamin un plan de route pour la machine à rêve. D'abord engagé dans son propre patelin (San Antonio, Texas, USA vive les Spears !) par Atomic Pictures, une société locale affairée aux effets numériques 3D, le jeune homme comprend rapidement que son avenir l'attend sous le soleil de Californie du côté de la cité des anges. Là où durant une décennie, il sautera de production en production ( Les 4 fantastiques, Predators, Superman Returns, Machete, Fright Night le remake, Game on Thrones) de studio en studio (Troublemakers, Stan Winston Studio) et de poste en poste . C'est d'ailleurs alors qu'il est en train de travailler avec le scénariste Blake Clifton sur une production de Robert Rodriguez, que les deux hommes vont avoir ce qui leur semble être l'idée du siècle.

"Clifton et Raisani sont tous deux issus de famille de militaire et de grand fans de science fiction, la possibilité de mettre en chantier un film reliant les deux thématiques leur sourit presque instantanément ." 


Clifton et Raisani sont tous deux issus de famille de militaire et de grands fans de science fiction la possibilité de mettre en chantier un film reliant les deux thématiques leur sourit presque instantanément . «Personne n'a encore fait de documentaire avec des éléments de science fiction ” affirme le jeune réalisateur avec aplomb ! « Correct » pourrions-nous lui répondre tout en lui rappelant quand même que le «found foutage», le faux reportage, les kilomètres de bobines, de bandes et cassettes mystérieusement perdues, miraculeusement retrouvées, encombrent le marché de la vidéo depuis l'opéra bucolique nocturne de Myrick et Sanchez (C'est à dire plus de 15 ans). Même en considérant que la formule est un parfait trampoline pour cinéaste débutant et fauché, la perspective de s'engager dans une énième aventurette camescopée et ses irritants tics formels (vue subjective, cadrage sautillant et j'en passe) peine désormais à soulever le moindre enthousiasme chez le vidéovore.


"Dans sa forme, le premier effort de Jabbar Raisani tire le found footage de base vers le documentaire monté, entrecoupé d'interviews comme le faisait The Paranormal Diaries."

Un état de fait dont visiblement les géniteurs de cet bobinette militareuse n'ont à priori que faire. Il suffit de jeter un œil sur les commentaires délicieusement auto-satisfaits dégoulinant du making of pour s'en convaincre ! Dans son fond, Outpost 37 compile et recompile plusieurs décennies de cinéma fantastique pétaradant et alienisé : District 9, World Invasion: Battle Los Angeles, Starphip troopers, Skyline …. rajoutant à l'addition les errances psychologiques de grand gaillards en uniforme. Décidément l'Amérique n'en a pas fini avec ses vieux démons. Dans sa forme,
le premier effort de Jabbar Raisani tire  le found footage de base vers le documentaire monté, entrecoupé d'interviews comme le faisait The Paranormal Diaries. Problème, ce cinéma censé reproduire coûte que coûte le réel se paye une artificialité propre à la production télévisuelle yankee. On se consolera avec l'apparition dans le cadre d'un alien rappelant que tous les effets numériques du monde ne vaudront jamais une bonne combinaison de Latex.


Chez nos confrères d'outre Atlantique, les bons mots fusent (« A scifi film with a porno Production value » résume avec malice le New York Post), on sera donc un peu plus indulgent en recommandant la chose aux amateurs de trip DTV canardeurs et aux derniers aficionados de faux docus. Après tout la chose vaut bien les productions alienisantes de la firme UFO, tout en prévenant les autres... Wild side sort à quelques jours d'intervalle un « At The devil's door » nettement plus trippant, le choix sera donc vite fait !

Un œil sur le disque :

Pas de mauvaise surprise du côté de Entertainment One (Distribution Wild Side) qui livre une galette dans les clous. Au menu, un master de bonne tenue en Flat 1.85 accompagné de mixages Français et anglais Dolby digital 5.1 et de sous titres dans la langue de Molière. Dans la réserve à suppléments, vous pourrez découvrir quelques scènes coupées et un making of calquant malheureusement son ton sur celui des grosses machines hollywoodiennes