Sous un soleil de plomb, les juillettistes se suivent en file indienne... Et par la magie des congés payés, chaque patelin du sud de l'hexagone peut profiter d'un défilé ininterrompu de diligences mécaniques et climatisées, de citadins et de citadines aux regards vitreux et aux mains moites, pressés de retrouver leur emplacement de camping ... de laisser derrière eux, crise grecque et belles mères. Pour ceux qui comme nous n'aurons pas la chance de rejoindre les stations balnéaires et de s'essayer à la tiédeur suspecte des pédiluves, quelques courageux éditeurs ont bravé la canicule pour se fendre de quelques sorties remarquables. Parmi eux, les éditions Rimini qui proposent depuis début juillet trois westerns italiens...sur lesquels Ecranbis.com a accroché quelques espoirs et une triple chronique à lire à l'ombre, un verre de Pulco à la main...
La corde au cou
1969, Sergio Garrone ne s'est pas encore frotté au charme très discret de la nazisploitation mais trempe déjà ses cannes arquées sur le sol brûlant d'un ouest américain fantasmé et européanisé. Son «Una lunga fila di croci» connaîtra de multiples et savoureux retitrages, dont deux rien que pour la France où la péloche est connue aussi bien sous le titre «La corde au cou» que «Une longue file de croix». Chez nos cousins teutons, on poussera le vice jusqu'à un «Django und Sartana», certes quelque peu opportuniste mais pas si gonflé si on se donne la peine de jeter un œil à cette pétaradante aventurette. Impossible, oui impossible de ne pas voir dans le couple de chasseurs de prime (et de vedettes) traversant le cadre (Brandon et le prédicateur) le brassage indélicat mais joyeux des trois mythiques figures du western européen : L'homme sans nom, Django et Sartana...
"Una lunga fila di croci semble tracer les contours d'un genre, en embrasser les mimiques et tics formels."
Conventionnel jusque dans sa forme, «Una
lunga fila di croci» semble tracer les contours d'un genre, en
embrasser les mimiques et tics formels. Faut-il l'admettre, le
spectacle bien que jamais ennuyeux, peine un peu à s'extraire de la flopée
de bobines tournées à la chaîne par une industrie
cinématographique italienne déchaînée. Mais il se trouve pas
instant touché par la grâce. Le temps d'un plan rasant les
visages, d'un mouvement de caméra... offert par un Aristide Massaccesi
(plus connu sous le nom Joe D'Amato) faisant alors ses armes. Le
salut de son drame poussiéreux, Garrone l'a trouvé dans son duo de
tronches fameuses: Anthony Stephen d'un côté, William Berger de
l'autre. La corde au cou leur pend aux couilles me souffle notre
rédacteur en chef qui lui aussi a besoin de vacances.
"Au rayon des choses remarquables, Una lunga fila di croci s'offre un peu de substance sociale en dépeignant la face cachée d'un libéralisme déjà galopant"
Au rayon des choses remarquables, «Una lunga fila di croci» s'offre un peu de substance sociale en dépeignant la face cachée d'un libéralisme déjà galopant, la délocalisation de la main d'œuvre et l'émergence d'une forme économique d'esclavagisme... L'être humain variable d'ajustement d'une équation n'ayant que pour seul résultant le profit ? Une fois visionnées, envoyez vos galettes à Pierre Gataz, il aura peut être des réponses. Fort heureusement, pour faire passer cette vision de l'horreur capitaliste, Garrone caresse d'une camera inspirée, le minois décidé de la belle Nicoletta Machiavelli…Faut il en déduire que tant qu'il y aura des femmes, les chaînes seront moins lourdes ?
Déjà disponible en Z2 dans la collection «Westerns Mythiques» de l'éditeur ESI, «La corde au cou» nous revient dans un master du même acabit (scope respectée, master 4/3) dont il faudra forcer l'affichage 16/9. Le tout est accompagné d'une simple piste française et dépourvu de tout supplément... mais les amateurs de bisseries italiennes ont depuis longtemps appris à ne plus faire les fines bouches !
Quelques dollars pour Django
Réalisé trois années auparavant «Pochi dollari per Django» envoie Anthony Stephen jouer les arbitres dans l'état du Montana. Passé du grade de chasseur de prime à celui de Shérif du comté en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, Django va devoir garantir un minimum de «Vivre ensemble» entre les éleveurs et les colons fermiers, tout en recherchant un certain Norton, accusé d'avoir emprunter quelques poignées de dollars à la banque sans laisser de reconnaissance de dette (encore une victime de la phobie administrative ?). Cette double mission ne sera évidemment pas de tout repos, Django tombé dans ce qu'il convient d'appeler un panier de crabes, pourra toutefois se reposer les yeux en admirant une sublime rouquine (Gloria Osuna). Un poil plus friqué que «La corde au cou» de Garrone mais pas tant que ça... Cette production italo-hispanique signée par la main de Leon Klimovsky est parfois également attribuée à Enzo G. Castellari, sans que l'on sache d'ailleurs pourquoi. (Les voies de la cinéphilie ne sont-elles pas impénétrables) Toutefois si tel était véritablement le cas, nous serions face à la toute première réalisation du cinéaste italien. Un film à visionner dans le doute pourrais-je dire...
"ce vrai faux Django est un magnifique spécimen de bobine réalisée (ou retitrée) dans le sillage du film de Corbucci."
Quoi
qu'il en soit, ce vrai faux Django est un magnifique spécimen de
bobine réalisée (ou retitrée) dans le sillage du film de Corbucci.
Disons le, le Django de ««Pochi dollari per Django» doit sans
aucun doute beaucoup plus à l'homme sans nom et Eastwood, qu'à
Django et Franco Nero. Plus divertissant qu' âpre, et encore une
fois porté par l'interprétation au poil d'Anthony Stephen et de
Frank Wolff, cette bobinette devrait donner la banane à tout amateur
de Spaghetti western. Et si aucune séquence ne mérite d'entrer au
panthéon de la pistole italienne, ni même de graver la mémoire du
bisseux , ce Klimosvky/Castellari donne suffisamment à voir pour se
voir classer dans la listes des visionnages nécessaires ( au sens
philosophique du terne) de l'été 2015.
Cerise sur la
gâteau, on savourera un final littéralement épique durant lequel,
la loi et in extenso le législateur met fin à la violence par
décret sous un soleil écrasant. Preuve en est qu'en matière de
cinéma d'exploitation, le nihilisme et la promotion de l'auto
justice ne sont pas à tous les étages. Un peu de conscience
politique et de morale ne peut pas faire de mal... Que les fidèles
lecteurs de l'ecranbis.com se rassurent... ce n'est que...du cinéma ! Également édité en DVD il y a quelques années par
ESI, « Quelques dollars pour Django » se paye une copie
scopée et un master 16/9 acceptable. On regrettera l'absence de
bonus et la seule présence d'une piste française...
La loi de la violence
Retour
en 1969 avec La legge della violenza (Tutti o nessuno) qui constitue
en quelque sorte la pépite de cette triplette vidéastique. Cette
production italienne sans le sous, torchée par un quasi inconnu
(Gianni Crea, mais de toute évidence il créa peu, sa filmographie
n'affiche que 8 films) permettra aux westernophiles de plonger la main dans le "fond du panier" de l'euro western... Budget anémique, dialogues
risibles, doublage en roue libre, mise au point et cadrage souvent
perfectibles, le summum est atteint lorsque quelques poteaux
éléctriques apparaissent en fond de cadre comme pour mettre le
spectateur au courant de l'évidence: Non les dieux du cinéma bis
ne se sont pas penchés sur le berceau de " La legge della violenza."
"Pourtant en dépit d'une facture hasardeuse et d'une intrigue quelque peu décousue, ce métrage devenu en France La loi de la violence séduit par son originalité de point de vue."
"Pourtant en dépit d'une facture hasardeuse et d'une intrigue quelque peu décousue, ce métrage devenu en France La loi de la violence séduit par son originalité de point de vue."
Pourtant en dépit d'une facture hasardeuse et d'une
intrigue quelque peu décousue, ce métrage devenu en France «La
loi de la violence» séduit par son originalité de point de
vue. Tout attaché aux bottes d'un personnage principal négatif et
inquiétant, le récit de "La legge della violenza" renvoie son véritable héros (Le shérif) au second plan. Comme pour mieux
savourer les élans machiavéliques de son blond prédateur. Pas bien
plus étonnants, les états d’âmes de la belle Clem, campée par une
énième starlette italienne (Igli Villani) connu pour une carrière
aussi fulgurante que météoritique. Toujours face camera, "La loi de
la violence" se paye les splendides ganaches de Giorgio
Cerioni (ici crédité sous le nom de George Greenwood ) et d'
Ángel Aranda. Le premier est connu pour avoir imprimer la pellicule
de quelques joyeusetés notoire (Horreurs Nazies, Les
déportées de la section spéciale SS
, Roses
rouges pour le Führer,
Les
nuits rouges de la Gestapo,
Sévices à la prison de femmes). Le second d'origine espagnole a lui
été vu dans «La planète des vampires » de Mario bava. Pour
la petite histoire, "La legge della violenza" est à priori la
première apparition cinématographique d'un certain «Jack
Sparrow ». Bien aucun lien avec le Captain Jack Sparrow de
Pirates des Caraïbes ...Reste que l'effort Gianni Crea peut au moins
se targuer d'une forme d'antériorité !