«La maison de Frankenstein» et « Deux nigauds contre Frankenstein» partagent suffisamment à l 'écran pour partager une chronique. L'affirmation devint dans la bouche de notre despotique rédacteur en chef , une sentence et un ordre d'execution. L'Ecranbis, cèdant au sirène du «deux pour le prix d'un» irait de son double programme, de son double review. En avant donc !
"1944, ils sont venus, ils tous là … Le monstre de Frankenstein, le loup garou, Dracula, le bossu et le savant fou. All together ! Tous ensemble promet l'affiche."
Si «Frankenstien meets the Wolfman» fut le premier film à permettre la rencontre pelliculaire de deux monstres classiques de l'Universal... Son prolongement «La maison de Frankenstein» entrera dans l'histoire du cinéma comme le tout premier «Multi Monster Feature». En 1944, ils sont venus, ils tous là … Le monstre de Frankenstein, le loup garou, Dracula, le bossu et le savant fou. All together ! Tous ensemble promet l'affiche. Le concept que nous qualifirons aujourd'hui de crossover ou de mashup deviendra exercice récurrent, exploité avec malice par le studio dans «La maison de Dracula» (dont nous parlerons en février 2016, date à laquelle le film rejoindra la collection «Cinéma Monster Club») ainsi que dans «Deux nigauds contre Frankenstein». C'est le début d'une lente digestion des figures de l'horreur classique dans la culture pop avec en bout de course «Groovie Goolies » série d'animation américaine des seventies, « The monster Squad » des eighties. Ou comment les créatures qui terrifièrent quelques générations devinrent des personnages enfantins pour les suivantes.
« La maison de Frankenstein ... se savoure comme un rappel au théâtre, le bouquet (presque) final d'un age d'or."
«La maison de Frankenstein» célèbre le grand retour de Boris Karloff dans la série. Mais comme tout dans cette saga est sans dessus dessous, il ne revient pas sous les traits du monstre mais sous la blouse d'un scientifique fou, d'un ersatz d' Henry Frankenstein et donc de manière figurée dans le rôle du père. Lugosi disparaît de l'affiche mais rassurez-vous il reviendra dans le prochain épisode. Il est remplacé par le stakhanoviste John Carradine. Ce Dracula guindé et longiligne surprend un peu... Mais on s'y laisse prendre. Lon Chaney Jr est là , toujours à poil, toujours dépressif bien qu'à l'instar de Felix Gray, il trouvera un peu compassion et un réconfort relatif dans les bras d'une gitane. Ma tête tourne, ma tête frappe... et ce qui frappe d'ailleurs c'est que cette parade des monstres, cette juxtaposition de destinées se concrétise au prix d'un scénario abracadabrantesque, peinant à justifier l'injustifiable.
«La maison de Frankenstein" ne souffre bizarrement pas trop de sa qualité d'œuvre composite. Délicieusement exploitatif, le spectacle à la nature commerciale assumé, reste aussi vain que divertissant . Mieux il se savoure comme un rappel au théâtre, le bouquet (presque) final d'un age d'or.
Le joker du multi monstre sera une ultime fois posé sur la table de l'entertainment par l'Universal. Nous sommes en 1948 et le bestiaire monstrueux du studio va se frotter au duo comique Abott et Costello dans «Deux nigauds contre Frankenstein». Métrage fort curieux puisque se refusant à la parodie pure et dure. Non ici on ne rira ni des monstres, ni de leur sombre dessein, directement importé des précédents films de la série. L'élément drolatique des «Deux nigauds» , c'est précisément la présence des dit "Nigauds» : Abott et Costello. Deux hurluberlus propulssé en plein film d'horreur. Cet étrange télescopage accouche d'une bobine d'autant plus plaisante, que face au tandem facétieux, Chaney, Lugosi et Strange restent imperturbables... Du moins à l'écran. Car l'on sait que Glenn Strange (Le monstre de Frankenstein) très amusé par Costello eu toute les peines du monde à se retenir de rire durant certaines scènes, obligeant la production à un nombre conséquent de prises.
"Une sorte de chant du cygne hilare, bien plus respectueux que le titre ne ne laisse le présager."
Lugosi endosse à nouveau la cape de Dracula, Chaney Jr le pelage du wolfman mais aurait également retrouvé le masque de beau et verdatre "Franky" pour quelques plans suite à une fracture du pied de Glenn Strange survenu durant le tournage. Karloff lui déclina bien qu'il participa à la promotion du film en posant pour des photos publicitaires. Pour la petite histoire, un autre monstre imprévu au générique apparaît (encore que cela soit un bien grand mot ) dans les dernières secondes du film. Mais chut on ne vous a rien dit !
"Deux nigauds contre Frankenstein" vient donc clore la série d'une façon peu commune ,ou du moins déconcertante pour les amoureux des monstres classiques d'Universal mais s'avère paradoxalement être une réussite. Une sorte de chant du cygne hilare, bien plus respectueux que le titre ne ne laisse le présager. La copie présentée dans ce bluray étant de plus splendide, il est difficile de bouder son plaisir.
Un oeil sur les disques :
"La maison de Frankenstein" nous parvient dans un transfert simple définition mais tout à fait acceptable, accompagné de mixage français et anglais. Pour "Deux nigauds contre Frankenstein", ce sera un combo Bluray /DVD et un master haute définition absolument splendide, mais une simple version original sous titrée. Quelque soit la galette, vous aurez droit à notre ration de Jean Pierre Dionnet et un livret présent dans tous les disques de la collection.