La poupée diabolique: critique et test DVD



La deuxième cartouche Artusienne du mois de juin, nous ramène outre manche et sur les planches. La poupée démoniaque, aka Devil Doll, bien qu'en son temps inexploitée sur le territoire français, débarque un doublage d'époque sous le bras pour ravir les amateurs (et trices) de toys en bois ! La chose se trouvera débitée en rondelles dans vos vidéoastores préférés au début du mois prochain (et sans doute un peu avant sur le site de l'éditeur pour ceux qui ne savent pas attendre). Ecranbis.com s'est fendu de sa chronique...Attention toutefois, celle-ci contient, une fois n'est pas coutume, quelques «spoilers».

 "il y a indiscutablement dans la symbolique induite par la thématique ventriloquie, quelque chose de fort, de profond. L'idée d'un rapport de force entre manipulant et manipulé, qui s'opère de l’intérieur..." 

Il ne manque plus que le nez qui s'allonge et on aurait le portrait de Manuel Vals
Hypnotiseur et ventriloque, l'inquiétant et mystérieux «Vorelli» fait salle comble. A chacune de ses apparitions scéniques, l''intelligentzia londonienne se presse. Il faut avoir vu l’illusionniste faire d'une victime prise au hasard dans la salle, sa marionnette. Le pouvoir de suggestion impose twist déchaîné ou effeuillage (dans une version US encanaillée dont les scènes olé olé se trouvent restituées dans les suppléments du disque) . Mais plus étonnant encore, le spectacle se termine par un numéro de ventriloquie étrange et inédit. Hugo, pantin au regard perçant et aux oreilles décollées, quitte les bras de son maître pour saluer le public...

"...une œuvre construite en trompe l’œil. L'élément le plus terrifiant et démoniaque n'est finalement pas la poupée Hugo "

Deux poupées pour le prix d'une...

Ventriloquie, la thématique paraît à première vue récurrente pour ne pas dire récurée... L'est-elle vraiment ? Il n'est pas interdit de douter. Au cinéma en particulier où les œuvres se répondent mais ne se suivent pas (Ou se suivent de loin). La figure a sans doute même, été plus volontiers exploitée à la télévision. Peut être parce qu'il s'agit d'un canevas extrêmement classique, balisé, assez économe dans, pardonnez ce Ségonèlisme, sa «Fantastiquitude». Quand on réfléchis bien, à l'instar de l'échange d'âme qui ne requiert que deux acteurs, le film de ventriloque ne demande qu'un ventriloque, sa marionnette et quelque chose qui tient plus du subterfuge que de l'effet spécial. Il y avec ce genre de matière situationnelle de quoi occuper le scénariste d' un épisode d'anthologie horrifique et télévisuelle, mais pour un long métrage c'est précisément un peu court. En faudrait-il un peu plus occuper tout l'écran ? Oui semble nous répondre Lindsay Shonteff en caressant ici quelques autres arguments mystérieux.


"le film est un poil chiche mais ...beau."

Hipster avant l'heure, Haliday avant l'autre...
Si l'on aborde le sujet avec un plus de recul, c'est à dire en prenant en compte des éléments approchants ou connexes (Marionnettes, poupése , poupons et autres jouets maléfiques..), la filmographie s'étoffe de manière quasi exponentielle au point de revêtir une qualité labyrinthique. Mais il y a indiscutablement dans la symbolique induite par la thématique ventriloquie, quelque chose de plus fort, plus profond. L'idée d'un rapport de force entre manipulant et manipulé, qui s'opère de l’intérieur, de façon intrusive «dans le dos ou par le cul» pourrions nous dire. Et ce qui est intéressant dans cette « Poupée diabolique» c'est que cette relation de domination matérielle, factuelle trouve un miroir providentiel dans une relation de domination psychique et hypnotique. La manipulation y est donc totale, intégrale...

Belle poire attendant la cueillette...
L'autre versant l'édifice, c'est le fameux « transfert d’âme» que j'évoquais plus haut. L’élément scénaristique qui vient justifier l'étonnante «vivacité » du pantin Hugo et qui est d'ailleurs quand y regarde bien la véritable clé du récit. L’essentiel de la charge fantastique est pratiquement ici, la poupée n'en est finalement que le réceptacle et l'hypnose le moyen de locomotion. Passez ces considérations quasi philosophique, le film est un poil chiche mais assez beau. Il y a indiscutablement une atmosphère, une âme. C'est encore une fois, une œuvre construite en trompe l'oeil. L'élément terrifiant et démoniaque n'est finalement pas la poupée Hugo mais ce Vorelli, magicien nomade prenant les nations comme un hôtel aurait écrit un autre illusionniste plus actuel.


Un œil sur le disque :

Artus livre «La poupée diabolique» dans un beau digipack dont les volets intérieurs reprennent les affiches d'époque. Le master 16/9 et la copie 1.66 tiennent la route. Côté plaisirs sonores, une vf ( Doublage d'époque ) et une version originale en langue anglaise sous titré. La cage à bonus s'ouvre une belle présentation du film par Alain petit, des scènes alternatives et coupé, un diaporama et une poignée de bande annonces.