31 : critique et test Bluray




« Rob Zombie a de bonnes idées mais c'est souvent celles des autres » me glissait récemment , entre deux verres, un cinéphile taquin dont je tairais ici le nom. Lorsque c'est drôle et méchant, c'est souvent que c'est un peu vrai. Très pressé de se trouver un nouvel idole, la presse et le web spécialisé ( on se met volontiers dans le lot) en a peut être un peu trop fait (comprendre autant que sur «The Theatre Bizarre») sur le pauvre Rob Zombie. Papiers dithyrambiques, fleurs, pommades, prosternations, cris de collégiennes et déclarations enflammées...On a peut être vu très tôt, trop tôt, comprendre à peine «La maison des milles morts» ayant imprimé nos écrans, un sillon, une carrière, que dis-je , une «œuvre» se dessiner. Mais à moins de vouloir confondre obstinément renouveau ou redite, ceux qui ont objectivement cherché une œuvre fondatrice dans la dite filmographie, ont surtout fait choux blanc. Deux bobines arche-boutées sur le Redneck Movie à la Texas Chainsaw Massacre, deux autres accrochées aux baskets d'Halloween et une de plus piochant sans retenue dans 40 ans de satanisme déposés sur pellicule...

"31  nous parvient par la bande, c'est à dire par le marché de la vidéo domestique. Sans que le moindre observateur ne s'en émeuve, preuve que l'effort, au vues de ses ambitions et de son résultat, est au fond à sa place."

Tout tout pour ma Sheri, ma Sheri...

Ce lancé de pétales de roses était d'autant plus discutable qu'il annonçait pratiquement la disgrâce à venir. Curieusement celle-ci vint lorsque Rob Zombie accéda à l' indépendance. C'est à dire au moment où l'on aurait pu attendre du musicien cinéaste, ses jets les plus personnels pour ne pas écrire intimes. Au milieu des sacro saintes 80's, lorsque Carpenter, John de son prénom, s'échappe de l'Alcatraz Hollywoodien, il accouche de «Prince Of Darkness» et de  "They Live". Lorsque Rob Zombie claque la porte de Dimension Films, il s'en va réaliser «Lords of Salem» puis «31». Faut-il poursuivre la démonstration ?  Sans énorme surprise, puisque ce fut également le cas pour «Lords of Salem», «31» nous parvient par la bande, c'est à dire par le marché de la vidéo domestique. Sans que le moindre observateur ne s'en émeuve, preuve que l'effort, au vues de ses ambitions et de son résultat, est au fond à sa place.

"31 est un teen movie avec des vieux, un tournée Hache , fendre et tête de bois"

Doomhead, une vrai publicité vivante pour son dentiste
 Une nouvelle fois Zombie exhibe sa belle et compagne (Sheri Moon Zombie) aux yeux des spectateurs, rappelant l'obsession d'un Franco pour Lina Romay ou de Nicolas Sarkozy pour Carla Bruni.(C'est au choix, mais le choix est vite fait). Une nouvelle fois, Zombie malaxe cinéphilie sincère et influences diverses pour accoucher d'une sac de nœuds typique. Un peu de Running Man par ci, un peu d'Hostel par là, un peu de Texas Chainsaw Massacre aux entournures … et du torture porn à tous les étages. Un canavas classique. A la différence près qu'au lieu d'envoyer une poignée de gosses délurés à la mort, le cinéaste s'autorise, sans pour un autant  faire évoluer son propos, un cast étrangement plus mur.  De là à écrire que « 31 » est un teen movie avec des vieux, un tournée « Hache , fendre et tête de bois", il y a un pas. Reste que cette originalité générationnelle sauve finalement les meubles. Le reste est une vague histoire d'esthétisme, de plans semblant sortir tout droit de vidéo clips métal, le tout contenu dans un scope contredisant une pâte vidéastique  HD  très prononcée.

"Un peu de Running Man par ci, un peu d'Hostel par là, un peu de Texas Chainsaw Massacre aux entournures … et du torture porn à tous les étages"

Vous avez dit clippesque ?
  Passées quelques effusions gores peut être plus timorées que prévu et quelques fesses ayant traversé le cadre ( Dont celles de la pauvre Ginger Lynn dont on aurait préféré garder quelques torrides souvenirs adolescents) «31» se montre économe et se  borne même à dérouler une partition  très mécanique et sans doute trop artificielle pour véritablement embarquer son spectateur dans ce qu'il lui a  été vendu comme «un enfer sur terre ». On finit par se dire que la longuette séquence introductive en noir et blanc annonçait presque la couleur... Rob Zombie aux commandes ou pas, "31" est un énième torture porn DTV, certes pas désagréable mais à réserver à un public très ciblé.  Dit autrement , les indécrottables fans de Zombie et sa greluche peuvent donc s'y frotter sans craindre d'y laisser des plumes...Les autres sont priés de s'en tenir loin". La mention "réservé à un public averti" trônant au dos de la jaquette n'a jamais été plus à propos.

"Les indécrottables fans de Zombie et sa greluche peuvent donc s'y frotter sans craindre d'y laisser des plumes...Les autres sont priés de s'en tenir loin"

L'éditeur a eu la bonne idée de nous dispenser de véritable supplément au profit d'une second film «Lord Of Salem» sur un disque Dvd supplémentaire. Presque aussi imparfait, mais nettement plus trippant, ce précédent jet Zombiesque encore attaché au soutien gorge de la belle Sheri, a au moins le mérite de quelques savoureux dérapage stylistique et de convoquer en mémoire le cinéma de Polanski , Jodo, Kubrick et (si vous avez beaucoup fumé) Lynch. On prend !

Aristocratie, oisiveté, perversité et symboles sataniques font toujours bon ménage dans le cinéma de genre...

Un œil sur le disque:

Seven 7 livre un disque de bonne tenue présentant "31" dans son scope d'origine (Ratio 2.40) et un master HD 16/9 sympathique accompagné de mixages DTS-HS Master Audio 5.1 en version originale (sous titres disponibles) et en version doublée en français. Le second disque, simple définition embarquant "Lords of Salem" présente un master à la compression visible (Ah les dalles HD ne font pas de cadeaux) mais loin d'être indigne. La chose est annoncée pour le 2 janvier 2017